Quels choix juridiques pour la médiation culturelle et scientifique dans l’environnement numérique ?

Auteur/Author : Lionel Maurel

La dimension juridique n’est pas forcément celle à laquelle on songe en premier lorsque l’on envisage les «enjeux numériques pour la médiation scientifique et culturelle du passé».

Pourtant, tout autant que la technique, le droit est devenu aujourd’hui un facteur essentiel d’interopérabilité dans l’environnement numérique. Tout projet culturel ou scientifique produisant des données et/ou des contenus doit s’interroger sur les conditions juridiques de mise à disposition de ces objets, sous peine que ces questions ne se posent ensuite a posteriori, en provoquant alors souvent difficultés et blocages pour ne pas avoir été suffisamment anticipées.

Cette dimension juridique est néanmoins de plus en plus importante pour les institutions culturelles (archives, bibliothèques, musées, etc.), ainsi que pour les équipes de chercheurs à mesure que la démarche du Linked Open Data (LOD) se développe et place les porteurs de projets devant des choix souvent complexes à effectuer.

L’ouverture des données implique en effet d’être en mesure de choisir entre plusieurs licences parmi le panel d’outils contractuels existants pour les appliquer à différents objets, sachant que leurs effets varient sensiblement et ne sont pas neutres pour les réutilisateurs en aval.

La visibilité des projets, leur capacité à nouer des relations avec d’autres initiatives et les formes même de médiation qui pourront être mis en oeuvre auprès de différents publics découlent en partie des décisions qui auront été prises à propos des conditions d’utilisation des données et contenus.

Le présent article vise à décrire les principes de base à partir desquels ces choix peuvent être effectués dans de bonnes conditions. En particulier, cet article s’attachera à montrer que faire le choix de l’ouverture par le biais de licences adaptées constitue un atout pour le développement de la médiation autour des données de la recherche.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01577998/

 

Valoriser les ressources numériques alternatives dans les bibliothèques publiques : un vecteur d’opportunités pour le développement des biens communs

Auteur/Author : Hans Dillaerts

Les ressources numériques alternatives peuvent être définies comme des ressources relevant du domaine public ou des ressources numériques diffusées sous la forme d’une licence libre. La place qu’occupent ces ressources dans les bibliothèques publiques est encore marginale.

Force est de constater que les politiques documentaires des bibliothèques publiques s’articulent prioritairement autour de l’offre commerciale portée par les éditeurs. Alors qu’il paraît évident que l’intégration et la valorisation de ces ressources libres au cœur des politiques documentaires permettraient non seulement aux bibliothèques de proposer une offre plus riche et plus diversifiée, mais aussi de valoriser la richesse littéraire, culturelle et artistique qui se développe sur le Web en dehors de la sphère marchande.

Quelles sont ces ressources numériques alternatives ? Comment opérer et construire une offre documentaire complémentaire des ressources physiques ? Quels enjeux pour les bibliothèques, le métier et les missions des bibliothécaires?

URL : https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_01561437

 

Interopérabilité et logiques organisationnelles. Ce qu’ouvrir ses données veut dire

Auteurs/Authors : Marie Després-Lonnet, Béatrice Micheau, Marie Destandau

Dans la perspective de l’ouverture des données publiques, nous accompagnons trois institutions qui gèrent des fonds liés à la musique, dans cette triple évolution technique, organisationnelle et politique.

L’objectif est de concevoir une « ontologie » qui servira d’appui à la description de la musique. Notre collaboration avec les experts a permis de saisir les tensions que ce projet génère, malgré la volonté collective de parvenir à une modélisation partagée.

Nous avons ainsi pu montrer que chaque institution porte un regard situé sur la musique comme pratique sociale et sur les objets et documents qu’elle détient. La recherche d’un modèle commun et qui pourrait s’appliquer globalement nécessite que chaque institution envisage les données et les concepts associés d’une façon plus globale et remette en partie en question ses modes de faire.

Notre étude montre que pour ne pas aboutir à un modèle totalement abstrait, il convient de voir la modélisation comme une forme de discours qui s’inscrit dans la continuité des écritures de notre patrimoine culturel : écritures vivantes, faites de négociations constantes entre normes et bricolages, nécessités organisationnelles et adaptation à des contraintes ponctuelles, dont nous retrouvons sans cesse les multiples traces, qui sont autant de matériaux pour nos recherches sur l’anthropologie des savoirs.

Les recherches présentées dans cet article ont été partiellement financé par le projet ANR-2014-CE24-0020 «DOREMUS.

URL : http://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau

La formation face aux risques numériques : bricolages, improvisations et résilience institutionnelle liés aux usages des données ouvertes

Auteurs/Authors : Camille Capelle, Anne Lehmans, Franc Morandi, Karel Soumagnac

La perception des risques par les acteurs de l’éducation qui s’engagent dans des activités pédagogiques autour des données ouvertes en contexte scolaire induit des bricolages et des improvisations.

Des formes de résilience apparaissent, dans les modalités de gouvernance des données ouvertes du côté des collectivités qui les diffusent, et dans les postures éducatives des enseignants à travers la construction de séquences pédagogiques.

Une enquête réalisée à partir d’entretiens et d’un repérage des ressources existantes a abouti à l’identification d’un écosystème émergent. Celui-ci permet de construire et d’expérimenter des ressources, de s’auto-organiser et d’apprendre, grâce aux projets, à faire face aux enjeux de la société du numérique.

URL : http://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/658-2-2017-revue-capelle-lehmans-morandi-soumagnac

 

Tablettes et ados : des bibliothécaires scolaires à la page

Auteur/Author : Stéphanie Pouchot

Les technologies numériques pourraient avoir des impacts négatifs sur l’apprentissage à l’école, notamment sur la concentration, la lecture en profondeur et la mémorisation. Pour autant, leurs retombées positives sont elles aussi bien réelles, par exemple sur les tâches à accomplir, la vitesse de lecture et la compréhension.

Quelle que soit la position adoptée, les technologies et dispositifs numériques ont de toute façon fait leur entrée à l’école. Il est donc nécessaire pour les personnels des établissements scolaires de se « former au numérique ».

Afin de poser le contexte, le présent article revient sur les résultats de la dernière enquête JAMES (« Jeunes, activités, médias – enquête Suisse »). La suite est consacrée à un retour d’expérience concernant sur une formation aux ebooks conçue pour des bibliothécaires du cycle d’orientation de l’État de Genève.

Seront abordés le profil des participants, structure de la formation, pistes d’action concrètes. Enfin, la dernière partie rappelle l’importance du rôle des bibliothécaires scolaires dans le domaine de la littératie numérique et l’accompagnement des élèves à l’appropriation des potentialités et la connaissance des leurs limites.

URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01547452

Open data et smart cities : quels chantiers pour les SIC?

Auteurs/Authors : Valentyna Dymytrova, Valérie Larroche, Françoise Paquienséguy, Marie-France Peyrelong

L’article rend compte des questionnements et analyses info-communicationnels en cours dans le cadre d’une ANR OpenSensingCity, regroupant outre les chercheurs en sciences de l’information et de la communication (équipe ELICO), des chercheurs en informatique (Armines de l’Ecole des Mines de Saint Etienne) et des entreprises (Antidot et Hikob).

Nous nous intéressons particulièrement aux stratégies des acteurs constituant l’écosystème de l’Open data en lien avec les smart cities. Dans cet écosystème, l’attention se porte plus spécifiquement sur deux types d’acteurs : les collectivités territoriales et les réutilisateurs professionnels.

Les portails de l’Open data des collectivités territoriales sont étudiés par une approche sémio-pragmatique permettant d’analyser les stratégies éditoriales et la place de la Métropole dans l’écosystème.

Quant aux réutilisateurs, leurs usages et les pratiques professionnels sont saisis à travers les entretiens semi-discursifs. Enfin, ces deux thématiques de smart cities et de l’Open data nous amènent à reconsidérer la question des communs.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01543355

De la bibliothèque à l’Internet : la matrice réticulaire

Auteur/Author : Louise Merzeau

Par l’ordonnancement méthodique des livres, la bibliothèque institue la confrontation des raisons qui pourra guider le conseil de lecture, lui-même modèle et condition du conseil au prince ou au peuple souverain.

Dans cette perspective, l’entrée des dispositifs sociotechniques dans l’ère numérique doit être interrogée dans les mêmes termes : quel type de pluralité, de liberté et de discernement autorise-t-elle ? Quelle structure d’autorité organise-telle ?

En un mot, quelle sorte de matrice l’environnement numérique installe-t-il dans l’espace du savoir et de la cité ? Pour répondre, sans doute faut-il d’abord renoncer à penser l’Internet à partir de ce modèle de la bibliothèque.

Pour la très grande majorité des utilisateurs, Internet est en effet tout autre chose qu’une bibliothèque : c’est un milieu de vie plus qu’un support et c’est cette dimension « écologique » qu’il convient aujourd’hui de penser.

Dans ce nouvel écosystème, les individus exercent toutes sortes d’activités très éloignées de l’acte de lecture institué par la bibliothèque, mais ce qui en fait la caractéristique, c’est qu’elles sont toujours en même temps des activités informationnelles.

Ces pratiques informationnelles obéissent à de nouvelles règles, où la médiation identitaire réorganise tous les contenus autour de la personne, elle-même redéfinie comme grappe de données connectées.

Au conseil, tend ainsi à se substituer le principe de la recommandation, qui dépend avant tout d’une économie de l’attention. Ce régime ne suspend pas le principe d’autorité, mais il en modifie profondément l’architecture, les industries de la recommandation dissimulant la complexité croissante de ces procédures derrière une phraséologie de la fluidité, de la transparence et de l’immédiateté.

Il revient alors aux bibliothèques, non de faire entrer de force l’Internet dans leur propre modèle, mais de développer des politiques de médiation, de métadocumentation et d’éditorialisation pour produire une intelligibilité du réseau qui aiderait les citoyens numériques à produire collectivement du conseil.

URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01546684