Un dispositif innovant d’éditorialisation en accès ouvert pour les SHS

Auteurs/Authors : Jérôme Valluy, Aurélie Veyron-Churlet, Serge Bouchardon

Ni « revue scientifique » au sens classique et toujours actuel, ni simple « bulletin d’annonces » des activités d’un laboratoire, les Cahiers Costech expérimentent un dispositif éditorial valorisant les travaux intermédiaires de la recherche (avec relectures et validations scientifiques) et la publication en accès ouvert (y compris par réédition de publications achevées mais peu accessibles), tout en favorisant un pluralisme organisationnel & intellectuel laissant aux chercheurs responsables de chaque rubrique le soin de définir leurs agendas scientifiques, les types de publications pertinents ainsi que leurs régimes de relectures et validations.

La valorisation de la « recherche en train de se faire » adopte des formats très divers de publications (communications et posters en colloques, notes de recherche, working papers, recensions, conférences et séminaires enregistrés, rapports de recherche, synthèses thématiques, compte-rendu de terrains…), en accès ouvert.

La « réédition en accès ouvert » respecte les droits des premiers éditeurs (ex. : publications de chapitres de livres avec leurs autorisations) et le droit des auteurs de réédition en accès ouvert de leurs publications 12 mois après parution en périodique (article 30 de la loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016).

Ce numéro 1 inaugure le dispositif éditorial conçu par le Costech-UTC, en assemblée générale et en conseil de laboratoire, après plusieurs mois de réflexions collectives sur les formes de communication scientifique à l’ère de l’éditorialisation numérique et de l’accès ouvert aux publications.

Pour les besoins de ce lancement, le premier numéro réunit une forte proportion de travaux issus des recherches internes au Costech-UTC mais la revue lancera des appels à contribution ouverts à tous les chercheurs travaillant sur le domaine des recherches technologiques en sciences humaines et sociales.

Ce type de recherches technologiques, portant sur des terrains socio-économiques contemporains, est présenté dans le rapport d’activité de l’unité Costech.

URL : Un dispositif innovant d’éditorialisation en accès ouvert pour les SHS

Alternative location : http://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article56

Une brève histoire d’Okina

Auteurs/Authors : Stéphanie Bouvier, Daniel Bourrion

Ouverte à sa communauté en février 2015, Okina, l’archive ouverte institutionnelle de l’Université d’Angers, a été développée au sein d’un projet global autour de l’Open Access.

Les lignes qui suivent retracent l’histoire de cette archive et la manière dont Okina est née puis a été portée politiquement. Elles se penchent également sur les choix techniques comme stratégiques ou humains effectués le long du chemin, qui ont permis que de vagues idées se concrétisent dans un objet fonctionnel né de (presque) rien.

URL : http://bbf.enssib.fr/contributions/une-breve-histoire-d-okina

Une gestion commune des supports de connaissance

Auteur/Author : Silvère Mercier

L’expression « partenariat Public-Communs » (Public-Commons Partnership) a été proposée par l’italien Tommaso Fattori, qui souhaitait montrer qu’il existe une autre voie possible que les partenariats Public-privé classiques, trop souvent à l’origine de formes de privatisation ou d’accaparement de ressources communes.

Plus largement, la notion permet d’éviter l’éceuil de percevoir les communs de la connaissance comme une alternative aux services publics. C’est ce que rappellent les auteurs de cet article consacré à l’oeuvre l’Elinor Ostrom : « la self-governance n’exprime pas l’idée d’une autogestion en totale indépendance mais « d’une capacité à s’organiser pour que chacun puisse participer activement à tous – du moins aux principaux – processus de décision concernant la gouvernance de la communauté » (McGinnis, 2011).

Elle n’implique donc pas une absence d’État – du niveau local au niveau fédéral – mais signifie une participation des communautés « auto-organisées » aux processus politiques dans les domaines qui les touchent. »

On ne saurait donc opposer les services publics que sont les bibliothèques aux communs sous peine d’opérer une contresens sur l’idée même des communs. Dès lors, quelles sont les degrés d’articulations possibles? Dans ce chapitre nous nous intéresserons aux communs de la connaissance sous un angle volontairement limité : celui de la participation citoyenne à la constitution d’objets destinés à favoriser la circulation des savoirs.

Ainsi, par opposition à la mise à disposition ciblée de ressources pour des publics dits “empêchés”, nous considérons ici qu’une gestion en communs de supports de connaissance suppose une participation des citoyens à ce qui reste la plupart du temps l’apanage des professionnels : le choix et la sélection de ce qui est rendu accessible. Comment caractériser ces initiatives de bibliothèques qui pourraient être qualifiées de communs, par opposition au traditionnel Hors-les-murs?

URL : http://www.bibliobsession.net/2017/06/08/chapitre-livre-communs-savoirs-bibliotheques/

Quel modèle économique pour une numérisation patrimoniale respectueuse du domaine public ?

Auteur/Author : Lionel Maurel

Les institutions culturelles (bibliothèques, archives, musées) sont placées dans une position délicate par rapport à la question de la réutilisation des produits de la numérisation patrimoniale. Les crédits publics alloués à la numérisation sont – comme les autres-en baisse et le volume des collections restant à convertir en format numérique est immense.

Confrontées de la part de leurs tutelles à l’injonction de trouver des pistes d’autofinancement, les services culturels sont incités à dégager des ressources propres en levant des redevances sur la réutilisation des oeuvres du domaine public numérisées. Mais d’un côté, il leur est aussi fait reproche de poser de nouvelles enclosures sur les biens communs de la Connaissance que devraient constituer les collections numérisées.

La numérisation constitue en effet le moyen de réaliser la promesse du domaine public, en permettant la reproduction et la diffusion à grande échelle des oeuvres, libérées des contraintes matérielles liées à leurs supports physiques.

Mais encore faut-il que ces activités de numérisation conduites par les acteurs publics soient soutenables financièrement à long terme, ce qui pose un problème de modèle économique devant être regardé en face. Cette question existe depuis les débuts de la numérisation, mais elle risque de se poser avec une acuité nouvelle à l’avenir.

En effet jusqu’à une date récente, la création de nouvelles couches de droits par les institutions culturelles sur les oeuvres numérisées soulevaient de nombreuses questions juridiques et cette pratique était même parfois dénoncée comme relevant du Copyfraud (fraude de droit d’auteur).

Mais avec la loi du 28 décembre 2015 « relative à la gratuité et aux modalités de la réutilisation des informations du secteur public » (dite aussi Loi Valter), la France a choisi de lever l’ambiguïté juridique d’une manière qui ne pourra désormais plus être contestée.

Le texte grave dans le marbre la possibilité pour les institutions culturelles de lever des redevances sur la réutilisation des « informations issues des opérations de numérisation des fonds et des collections des bibliothèques, y compris des bibliothèques universitaires, des musées et des archives ».

Il les autorise également à conclure des partenariats public-privé « pour les besoins de la numérisation de ressources culturelles » avec l’octroi d’exclusivités d’une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans, susceptibles elles aussi de limiter la réutilisation des oeuvres.

Que cette possibilité d’établir des redevances de réutilisation soit désormais consacrée ne signifie pas cependant que les institutions culturelles soient obligées d’y recourir. Plusieurs services d’archives, de bibliothèques ou de musées ont choisi d’autoriser la libre diffusion des oeuvres qu’elles numérisent en respectant leur appartenance au domaine public.

URL : https://hal-univ-paris10.archives-ouvertes.fr/hal-01528096/

Ouverture des données, Les enjeux des portails Opendata métropolitains

Auteurs/Authors : Françoise Paquienséguy,  Valentyna Dymytrova

La plupart des Métropoles se dotent de portails OpenData avec un triple objectif : ouvrir les données publiques ; permettre aux citoyens d’y accéder pour leur faciliter la vie et la prise de décision ; soutenir le développement économique du territoire en fournissant ces données à des ré-utilisateurs qui s’en servent pour créer des applications.

Autrement dit, devenir une smart city. Sur la base de la théorie de l’acteur-réseau de Latour (ANT) qui inclut les acteurs non-humains, ici les portails, complétée par une analyse sémio-pragmatique de plusieurs portails métropolitains, nous étudierons à la fois les enjeux en présence pour la Métropole et les acteurs du territoire et les contradictions qui surgissent lors de leur matérialisation dans un portail OpenData.

Si l’analyse globale porte sur 24 portails, seuls quelques-uns seront particulièrement développés lors de la communication : Grand Lyon Data, Rennes Métropole, Montpellier Méditerranée Métropole, Open Data Bordeaux, Berlin Open Data, London Datastore, New York Open Data et Séoul Open Data.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01526769

L’imaginaire des dispositifs numériques pour la médiation au musée d’ethnographie

Auteur/Author : Eva Sandri

Cette thèse propose d’observer l’imaginaire des dispositifs numériques dans les musées d’ethnographie confrontés à la réalisation de dispositifs numériques pour la médiation tels que les tablettes tactiles ou les navigateurs de réalité augmentée.

Ce travail s’intéresse au positionnement des professionnels de musée face à la présence croissante d’outils numériques dans l’espace d’exposition, sous-tendue par un discours promotionnel technophile de la part des sphères journalistique et politique qui décrivent ces technologies comme fortement souhaitables.

Une enquête ethnographique réalisée dans deux musées soumis à une injonction technologique (le Museon Arlaten d’Arles et le musée McCord de Montréal) interroge les attentes et les imaginaires qu’ont les professionnels du musée de ces dispositifs. À l’aune du concept de trivialité d’Yves Jeanneret, il s’agit de comparer les discours d’escorte portant sur le numérique avec les discours des professionnels de deux musée d’ethnographie, afin de mettre à jour les modes de circulation de ces discours et les imaginaires qui les fondent.

Répondre à ce questionnement a nécessité une démarche en trois temps. Il s’est agi dans un premier temps de relever les différents discours d’escorte portant sur les dispositifs numériques au musée et les injonctions qu’ils véhiculent afin de comprendre à quelles prescriptions les professionnels étaient exposés.

D’autre part, interroger les professionnels de musée afin de relever leur imaginaire des dispositifs technologiques a permis de connaitre leurs attentes et craintes vis-à-vis de ces supports.

Enfin, questionner les enquêtés sur leurs pratiques concrètes lors de la conception effective de ces dispositifs a permis d’observer des processus d’ajustement, prenant la forme de logiques d’opposition, d’adaptation et d’invention.

Après avoir comparé le discours des professionnels avec les discours d’escorte médiatiques et politiques, nous avons observé un décalage entre les discours d’escorte sur l’innovation technologique au musée et la façon dont les professionnels de ces institutions culturelles évoquaient ces questions.

Le caractère révolutionnaire des discours décrivant les technologies n’est pas repris par les professionnels des musées mais il est fortement nuancé dans un imaginaire raisonné et pertinent des technologies, assorti d’un rapport ambigu à l’innovation qui interroge les enjeux symboliques du progrès technologique dans la médiation muséale.

URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01513541

Les blogs de science dans la recherche et la médiation scientifique : pourquoi, comment et pour qui ?

Auteur/Author : Antoine Blanchard

La révolution du web 2.0, qui vit internet passer d’une dynamique de diffusion à une dynamique d’interaction où chaque internaute peut exister et être reconnu par les conversations auxquelles il participe sur diverses plateformes et réseaux sociaux numériques, n’a pas épargné la communauté scientifique.

En particulier, le format « blog » (terme formé par aphérèse de l’expression « web log », pour journal en ligne), initialement utilisé pour des journaux intimes, s’est développé comme un outil de publication et de conversation répondant aux besoins variés de cette communauté.

D’abord isolés, puis regroupés en communautés, les blogueurs de science (expression qui inclut les scientifiques professionnels mais aussi les étudiants, journalistes scientifiques, amateurs de science, musées et centres de science, groupes concernés… qui tiennent un blog à teneur scientifique) ont démontré leur capacité à influencer la manière dont la recherche avance, dont les résultats sont communiqués et dont les publics sont touchés.

Parmi les nombreux sujets dont les blogs discutent, je me concentrerai ici sur les sujets proprement scientifiques ou liés au monde de la recherche, délimitant ainsi une sous-catégorie du « blogging scientifique » qui fait du numérique académique (« digital scholarship ») une conversation (« conversational scholarship »). En quoi cela consiste-t-il concrètement ? Où cette évolution nous entraine-t-elle ? Je tenterai de faire la lumière sur ce phénomène dans ce chapitre.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01527122/