L’ouverture des matériaux de recherche ethnographiques en question

Auteur-e-s/Authors : Florence Revelin, Alix Levain, Morgane Mignon, Marianne Noel, Betty Queffelec, Pascal Raux, Hervé Squividant

Le mouvement d’ouverture des données scientifiques constitue, pour les sciences humaines et sociales (SHS), un défi à la fois épistémologique, juridique, éthique et technique. Il se manifeste par des normes et injonctions multiples vis-à-vis des communautés de recherche, qui peinent à s’y conformer et à se saisir des instruments mis à leur disposition.

Le projet PARDOQ vise à rendre intelligibles les implications complexes de ce mouvement pour les communautés travaillant à partir de données qualitatives (ethnographiques), à travers l’analyse de l’expérience de chercheuses et chercheurs confronté.e.s à la tension entre partage et protection des données ethnographiques, en prenant appui d’une part sur une étude de cas (le programme de recherche interdisciplinaire Parchemins) et d’autre part sur une enquête auprès de chercheurs.euses pratiquant l’ethnographie et de membres de réseaux scientifiques, techniques et juridiques d’appui et à la recherche.

URL : L’ouverture des matériaux de recherche ethnographiques en question

Original location : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03238067

Covid-19 et Science ouverte, premiers reculs

Auteur/Author : Ghislaine Chartron

Cet article propose un premier bilan de la science ouverte liée à la pandémie Covid-19. Typologie des ressources mises à disposition en fonction des publics cibles, analyse de certains problèmes de qualité de l’information et des données, enjeux de la science des données et de la gouvernance des données, énoncé de certaines limites de la science ouverte dans le contexte Covid-19, évolution de la communication scientifique en virologie.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03347094

Plasticité du billet de recherche en SHS. À propos des co-publications du blog Carnets de Terrain et du site The Conversation

Auteur/Author : Ingrid Mayeur

Le présent article aborde la question de la plasticité du document numérique à partir d’un cas concret, celui d’une démarche de publication menée conjointement dans deux espaces médiatiques liés à des domaines d’activités distincts : scientifique pour le premier (la plateforme de blogging en SHS Hypotheses.org, et plus spécifiquement le blog de la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain), informationnel pour le second (le site collaboratif The Conversation).

Si ces publications conjointes ne constituent pas une remédiation au sens où un document se trouverait énoncé à nouveau au sein d’un dispositif numérique et porterait les marques liées à ce nouveau contexte d’énonciation (Colas-Blaise 2018), les variantes textuelles résultant des choix énonciatifs effectués dans l’un et l’autre de ces dispositifs médiatiques s’avèrent signifiantes au regard du projet communicationnel qu’ils soutiennent.

Mobilisant l’approche heuristique des espaces de communication (Odin 2011), nous tenterons de les identifier et d’en proposer une lecture, en portant l’attention sur la temporalité des dispositifs comme source de variation médiatique (Bonaccorsi et Flon 2014).

DOI : https://doi.org/10.4000/semen.14710

Réfléchir l’interdisciplinarité à INRAE

Authors : Patrice Garin, Isabelle Arpin, Olivier Barreteau, Carole Caranta, Christian Ducrot, Mourad Hannachi, Isabelle Maillet

Quels sont les pratiques de recherche, les savoir-être et savoir-faire, les environnements de travail et les cadres institutionnels propices à l’interdisciplinarité ? Tel était le fil conducteur d’un séminaire tenu en janvier 2020, mettant en débat les expériences de scientifiques d’INRAE.

Les dispositifs conçus pour la recherche disciplinaire ont été questionnés sur leur capacité à favoriser sur la durée la prise de risque de l’interdisciplinarité, à accompagner les scientifiques qui s’y engagent, et à reconnaître cet engagement dans leur carrière.

Il en ressort un besoin de souplesse dans la mobilisation d’arènes, de temps et de moyens permettant les échanges.

URL : Réfléchir l’interdisciplinarité à INRAE

DOI : https://doi.org/10.1051/nss/2021034

Cinq types de travail scientifique « interdisciplinaire »

Auteur/Author : Fabrizio Li Vigni

La littérature sur l’« interdisciplinarité » est imposante. Toutefois, peu de travaux fournissent des taxonomies descriptives des différentes figures du travail scientifique au croisement entre savoirs différents.

Ceux qui le font adoptent soit un point de vue normatif et internaliste relativement à une discipline donnée, soit le point de vue de la sociologie de l’identité. En outre, le concept de « zone de transaction » est si utilisé en sciences sociales et au-delà qu’il semble pouvoir recouvrir la plupart des échanges « interdisciplinaires », mais se révèle en fait insuffisant.

À partir d’un terrain auprès d’équipes de recherche en sciences de la complexité, cet article se propose de fournir une taxonomie descriptive du travail scientifique « interdisciplinaire » selon cinq types (transfrontaliers, ambassadeurs, polyglottes, binationaux et traducteurs) illustrés par des extraits d’entretiens et d’archives.

URL : Cinq types de travail scientifique « interdisciplinaire

DOI : https://doi.org/10.1051/nss/2021033

Comment sauver l’ouverture de la science ? l’évaluation

Auteur/Author : Denis Jerome

Les mondes de la recherche et celui des éditeurs encouragent une disponibilité des résultats de la recherche à tous et gratuitement. La transition vers une science ouverte se développe rapidement mais elle n’est pas sans poser de sérieux problèmes qui ne sont pas uniquement d’ordre budgétaire mais peuvent aussi porter atteinte à l’éthique et au bon fonctionnement de la recherche.

Les acteurs incontournables que sont les chercheurs individuellement ou via les sociétés savantes et les académies doivent reprendre le contrôle de cette transition en reconsidérant le rôle de l’évaluation qui est le nœud du problème. C’est la pratique de l’évaluation qu’il faut revoir.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03291013

Comment devenir un universitaire ? Le discours académique : une pratique de positionnement multi-niveaux

Auteurs/Authors : Johannes Angermüller, Adèle Petitclerc

Dans ma contribution, je vais présenter l’approche savoir-pouvoir sur le discours universitaire en suivant la carrière d’un universitaire fictif, Jean le philosophe. S’inspirant des développements poststructuralistes et pragmatiques, cette approche met l’accent sur le défi pratique que les chercheurs doivent relever dans le discours universitaire : comment se faire une place dans le monde social de la recherche.

Les chercheurs qui participent au discours universitaire ont typiquement besoin de jouer simultanément sur des types de positions différentes. D’une part, ils doivent trouver leur place dans les nombreuses communautés scientifiques, c’est-à-dire dans le monde du savoir spécialisé. D’autre part, ils doivent s’insérer dans un établissement d’études supérieures avec ses fonctionnements bureaucratiques, ses statuts hiérarchiques et règles organisationnelles, c’est-à-dire dans le monde du pouvoir institutionnel.

Afin de réussir dans leurs carrières et d’occuper les positions les plus désirables dans le champ académique, les chercheurs doivent réussir dans ces deux mondes simultanément et consolider leurs places institutionnelles.

En s’engageant dans de nombreuses activités discursives dans leurs communautés, y compris la publication des textes académiques, ils s’adonnent à la pratique du discours universitaire en tant que pratique de positionnement multi-niveaux.

DOI : https://doi.org/10.4000/semen.13939