Les reconfigurations des vecteurs de la crédibilité scientifique à l’interface entre les mondes sociaux

Auteur.ices/Authors : Fabrizio Li Vigni, Séverine Louvel, Benjamin Raimbault

La crédibilité des scientifiques fait l’objet de débats, qui portent sur les risques de décrédibilisation qui découleraient d’une perte d’autonomie des chercheur·e·s vis-à-vis d’intérêts économiques, de logiques militantes ou d’agendas politiques.

Ces situations de mise à l’épreuve de la crédibilité scientifique vis-à-vis de la société et de la communauté de pair·e·s soulèvent une question plus générale : comment les chercheur·e·s engagé·e·s dans des collectifs positionnés dans plusieurs mondes sociaux construisent-ils·elles leur crédibilité auprès de leurs collègues ?

Leurs activités renforcent-elles, ou affaiblissent-elles, les vecteurs classiques de la crédibilité scientifique ? De manière concomitante, observe-t-on l’émergence de nouveaux vecteurs de crédibilité ?

Les articles de ce dossier thématique interrogent les reconfigurations contemporaines de la crédibilité à partir de quatre axes de transformation des sciences, à savoir : l’ouverture et la bancarisation des données ; les relations sciences–industries ; l’interdisciplinarité ; et les engagements publics des chercheur·e·s.

Dans cet article introductif, nous revenons sur l’histoire de la notion de crédibilité scientifique dans les Science & Technology Studies – telle qu’elle a été proposée par Bruno Latour et Steve Woolgar, puis Steven Shapin et Thomas Gieryn – et sur la manière dont elle a été investie depuis ; puis nous présentons les cinq articles du dossier et en tirons les apports transversaux.

Nous soulignons que, bien davantage que l’avènement de nouveaux vecteurs de la crédibilité scientifique, ces articles donnent à voir des transformations à la marge, situées et contradictoires.

DOI : https://doi.org/10.4000/rac.30365

La science est-elle soluble dans des projets techno-industriels ? Querelles autour de la géothermie profonde à l’Eurométropole de Strasbourg (2012-2020)

Auteur.ices : Philippe Chavot, Anne Masseran, Yeny Serrano, Jean Zoungrana

Cet article analyse les désaccords entre mondes industriel et scientifique dans le champ de la géothermie profonde alsacienne des années 2010. Cette querelle où se croisent interprétations scientifiques et intérêts industriels reflète les divergences de vues entre les mondes sociaux en présence sur la façon dont la science et les scientifiques doivent intervenir dans les projets de géothermie.

La notion de paradigme de communication combinée à celle d’ethos discursif permet de saisir les dynamiques qui fondent les discours publics sur la géothermie : du côté des industriels une communication d’acceptabilité insiste sur la maturité du domaine et la maitrise des risques ; du côté des scientifiques, des approches plus pédagogiques pointent les lieux où des travaux sont nécessaires pour optimiser le développement de la géothermie profonde.

Les désaccords apparaissent au grand jour suite aux séismes affectant l’Eurométropole de Strasbourg en 2019 et 2020.

URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2021/supplement-b/la-science-est-elle-soluble-dans-des-projets-techno-industriels-querelles-autour-de-la-geothermie-profonde-a-leurometropole-de-strasbourg-2012-2020/