Auteur/Author : Joachim Schöpfel
La science ouverte figure parmi les priorités de l’Etat français. Dans la continuité des chantiers engagés par le gouvernement français sur la transformation numérique de l’Etat et sa modernisation, le deuxième plan d’action national 2018-2020 “Pour une action publique transparente et collaborative” précise que la France « soutient la mise en œuvre des principes du gouvernement ouvert pour renforcer (…) l’accès aux matériaux et résultats de la recherche ».
Le plan national pour la science ouverte, présenté début juillet 2018, a confirmé cette ambition. L’objectif est que les données produites par la recherche publique soient progressivement structurées en conformité avec les principes FAIR, préservées et, quand cela est possible, ouvertes.
Notre étude “Vers une culture de la donnée en SHS” souhaite contribuer à la mise en œuvre de l’écosystème de la science ouverte sur le terrain d’un campus universitaire.
L’étude a été réalisée dans le cadre du projet structurant D4Humanities, avec un financement de la MESHS et du Conseil Régional Hauts-de-France, et elle fait suite à des travaux de recherche menés depuis 2013 par le laboratoire GERiiCO.
Conduite sous forme d’entretiens avec 51 chercheurs, doctorants, responsables de laboratoires, chefs de projets et ingénieurs en charge de données, l’étude poursuit trois objectifs :
- (Re)Mettre les enseignants-chercheurs au cœur de la mise en œuvre de l’écosystème de la science ouverte sur le campus, avec leurs besoins, priorités et interrogations.
- Identifier des opportunités et verrous pour une politique de données.
- Recommander dix actions à mettre en place pour développer la culture de données sur le campus.
Menée comme un audit sur un terrain particulier et dans le domaine des sciences humaines et sociales, l’étude a une portée pragmatique: dégager les éléments indispensables pour une politique cohérente de la production, gestion et réutilisation des données de la recherche sur un campus en sciences humaines et sociales, et contribuer ainsi à l’appropriation du concept de la science ouverte par une « mise en culture de la donnée, qui effectue une mise en sens d’usages disséminés et spécialisés de données ouvertes ».
Une première partie (« Constats préalables ») s’appuie sur deux études (Rennes 2, Lille 3) pour mieux cerner le concept de la donnée de recherche et son caractère de « longue traîne » ; cette partie synthétise les pratiques, motivations et attentes des enseignants-chercheurs dans ce domaine, en SHS.
Elle aborde également d’une manière générale la question des services et dispositifs de données. Une deuxième partie (« Observations ») décrit un paysage contrasté à partir des entretiens menés en 2017 et 2018 sur le campus SHS de l’Université de Lille.
Les besoins prioritaires des chercheurs sont la sécurité des données et systèmes, et la communication au sein des projets. L’image qui se dégage est un continuum de pratiques plus ou moins efficaces, formalisées et adéquates, avec une gouvernance parfois incertaine, au niveau des projets aussi bien qu’au niveau des structures.
Ces pratiques sont liées aux communautés disciplinaires mais plus encore, aux méthodes, équipements et thématiques scientifiques. La troisième partie (« Vers une culture de la donnée ») liste d’une manière succincte dix recommandations qui, ensemble, définissent un cadre de référence pour la mise en œuvre d’une politique de données sur un campus SHS :
- Mettre en place un pilotage scientifique
- Investir d’une manière ciblée
- Viser les projets, pas les laboratoires
- Utiliser les plans de gestion comme levier
- Apporter des réponses aux contraintes de sécurité
- Apporter des réponses aux besoins de communication
- Apporter des réponses aux besoins de curation
- Proposer plusieurs solutions pour la conservation des données
- Institutionnaliser le lien avec la TGIR Huma-Num
- Soutenir les bonnes pratiques
URL : Vers une culture de la donnée en SHS : Une étude à l’Université de Lille
Alternative location : https://hal.archives-ouvertes.fr/GERIICO/hal-01846849v1