Le numérique en bibliothèque : naissance d’un patrimoine : l’exemple de la Bibliothèque nationale de France (1997-2019)

Auteur/Author : Emmanuelle Bermes

Depuis les années 1980, des objets matériels et immatériels d’une croissante diversité se trouvent qualifiés de “patrimoine”. L’idée d’un patrimoine numérique est ainsi aujourd’hui institutionnalisée.

Pourtant, si l’on en croit l’expérience de la BnF au cours des vingt dernières années, l’acquisition d’une légitimité pour ces nouveaux objets patrimoniaux, qui vont des jeux vidéo sur support aux archives de l’Internet, des ouvrages anciens numérisés aux contenus dématérialisés collectés sur le web, a été une aventure mouvementée.Avec une période d’expérimentation, jusqu’en 2003, puis une période d’industrialisation et de professionnalisation, jusqu’en 2008, la filiation entre patrimoine écrit ou documentaire et patrimoine numérique a d’abord contribué à asseoir la place des documents et collections numériques dans les missions de la bibliothèque.

Cependant, cette continuité restait indissociable d’une profonde altérité, inhérente à la nature du web et des objets documentaires qu’il génère. Ubiquité, volatilité, déstructuration, massification, internationalisation, transversalité : autant de caractéristiques du web qui ont contraint la BnF à adapter ses processus de travail, ses méthodes de traitement, ses outils et son organisation.

L’étude de ce processus de patrimonialisation, qu’elle passe par l’observation des outils institutionnels qu’il mobilise, par l’étude des étapes ou gestes de ce processus, ou par les émotions qu’il suscite, fait apparaître deux aspects complémentaires du patrimoine numérique, interrogeant en profondeur l’identité et les missions de la BnF, dans son rapport à la société et au monde. D’une part, le numérique œuvre comme outil de dissémination, de médiation et de mise en valeur du patrimoine déjà existant ; d’autre part il voit émerger de nouveaux contenus et objets patrimoniaux.

Dans la vision originelle d’une “très grande bibliothèque, d’un type entièrement nouveau”, la numérisation avait pour mission de réconcilier le patrimoine avec la nation, en utilisant la technologie comme outil de décloisonnement. Vingt ans d’expérimentations et de pratique ont semble-t-il fini par renverser cette logique, faisant du numérique un nouveau patrimoine dans lequel la nation est appelée à se reconnaître.

URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02475991

Les données de la recherche AAU-CRESSON : résultats de l’enquête sur les usages des chercheurs, doctorants et ingénieurs en matière de gestion de données

Auteurs/Authors : Léa Mosnier, Françoise Acquier, Véronique Dom

Afin de mettre en place une politique de gestion des données du laboratoire AAU, une enquête a été menée au sein des deux équipes (CRENAU et CRESSON), permettant ainsi d’amorcer un plan de sensibilisation à la question des données de la recherche.

Inspirées des enquêtes effectuées auprès des chercheurs et doctorants des Universités de Lille, Rennes, Bordeaux et Bruxelles, les questionnaires ont été adaptés aux données collectées et traitées dans un laboratoire de recherche architecturale et urbaine, fortement interdisciplinaire.

URL : Les données de la recherche AAU-CRESSON : résultats de l’enquête sur les usages des chercheurs, doctorants et ingénieurs en matière de gestion de données

Original location : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02462300

L’éthique des données de la recherche en sciences humaines et sociales. Une introduction

Auteurs/Authors : Bernard Jacquemin, Joachim Schöpfel, Stéphane Chaudiron, Eric Kergosien

L’organisation de l’accès libre aux données scientifiques fait partie des objectifs de la recherche publique de la France. La volonté d’ouvrir les données de la recherche a été confirmée par le plan d’action national 2018-2020 dont l’engagement 18 vise à construire un écosystème de la science ouverte.

Sur le terrain, la politique d’ouverture s’accompagne d’une forte incitation à mettre en œuvre des bonnes pratiques scientifiques compatibles avec certains principes définis au niveau européens comme « FAIR Guiding Principles » de la gestion et du pilotage des données de la recherche. Quelle est la dimension éthique d’une gestion « FAIR » des données de la recherche?

À partir d’une sélection de publications récentes, d’enquêtes, travaux et activités menées autour des données de la recherche, notre communication essaie de synthétiser plusieurs aspects de la dimension éthique de la gestion des données de la recherche, dans l’environnement français, dont la place de l’éthique dans les plans de gestion, les données personnelles, la crédibilité ou encore la sécurité des données.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/GERIICO/hal-01958472v1

Economie et organisation éditoriale des plateformes et des agrégateurs de revues scientifiques françaises : Analyse comparative de huit plateformes étrangères de diffusion de revues scientifiques

Effectuée pour le compte du Comité de suivi de l’édition scientifique (CSES), cette étude présente une analyse comparative de huit plateformes étrangères avec deux objectifs : décrire leurs principales caractéristiques et enrichir l’étude des plateformes et agrégateurs de revues scientifiques françaises par une analyse du potentiel concurrentiel et des complémentarités de ces plateformes et agrégateurs étrangers.

Le panel est composé de huit plateformes, trois acteurs commerciaux (EBSCO, ProQuest, Cambridge University Press) et cinq acteurs publics ou à but non lucratif (JSTOR, Project MUSE, Érudit, SciELO, Open Library of Humanities).

L’étude présente pour chaque plateforme le modèle d’affaires, les services et fonctionnalités, le positionnement par rapport à l’Open Access, les perspectives de développement et la part des contenus français.

Elle décrit également les trajectoires, particularités et futurs développements de plusieurs plateformes dont notamment Project MUSE, JSTOR et Érudit, et s’intéresse à des aspects fonctionnels et techniques intéressants comme le TDM et l’intelligence artificielle.

Toutes ces plateformes ont en commun qu’elles diffusent des revues scientifiques en ligne, avec des technologies du web, suivant le modèle d’affaires biface (avec deux clientèles différentes, éditeurs de revues et lecteurs), et qu’elles proposent des services aux éditeurs (producteurs de contenus) aussi bien qu’aux institutions, bibliothèques et particuliers (consommateurs d’informations scientifiques et techniques).

Cependant, l’étude révèle une grande diversité de modèles économiques (chiffre d’affaires, part des ventes et des subventions, reversement aux éditeurs, open access) et propose une comparaison entre ces plateformes étrangères et le panel français, en soulignant notamment la proximité entre CAIRN, JSTOR et Project MUSE.

L’intérêt pour une revue française d’établir un partenariat avec l’une des plateformes internationales est surtout lié à la diffusion par un agrégateur commercial avec une clientèle internationale et anglophone, mais ouvert à des revues non anglophones.

Ces plateformes représentent une opportunité complémentaire plutôt qu’une alternative à leurs propres moyens de diffusion. L’étude ajoute quelques éléments d’information pour évaluer l’impact de ces plateformes sur le marché français.

Être en mesure de créer des conditions (techniques, financières, organisationnelles) favorables à l’innovation, est peut-être l’un des critères qui fera la différence entre les plateformes dans les cinq à dix ans à venir.

Mais également, la capacité de garantir une conservation (et un accès) à long terme, le degré de standardisation des systèmes et formats, et l’intégration dans les communautés et institutions scientifiques, y compris dans des projets de recherche.

URL : Economie et organisation éditoriale des plateformes et des agrégateurs de revues scientifiques françaises : Analyse comparative de huit plateformes étrangères de diffusion de revues scientifiques

Original location : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid149053/analyse-comparative-de-huit-plateformes-etrangeres-de-diffusion-de-revues-scientifiques.html

Ouverture des données de la recherche : de la vision politique aux pratiques des chercheurs

Auteur/Author : Violaine Rebouillat

Cette thèse s’intéresse aux données de la recherche, dans un contexte d’incitation croissante à leur ouverture. Les données de la recherche sont des informations collectées par les scientifiques dans la perspective d’être utilisées comme preuves d’une théorie scientifique.

Il s’agit d’une notion complexe à définir, car contextuelle. Depuis les années 2000, le libre accès aux données occupe une place de plus en plus stratégique dans les politiques de recherche. Ces enjeux ont été relayés par des professions intermédiaires, qui ont développé des services dédiés, destinés à accompagner les chercheurs dans l’application des recommandations de gestion et d’ouverture.

La thèse interroge le lien entre idéologie de l’ouverture et pratiques de recherche. Quelles formes de gestion et de partage des données existent dans les communautés de recherche et par quoi sont-elles motivées ? Quelle place les chercheurs accordent-ils à l’offre de services issue des politiques de gestion et d’ouverture des données ?

Pour tenter d’y répondre, 57 entretiens ont été réalisés avec des chercheurs de l’Université de Strasbourg dans différentes disciplines. L’enquête révèle une très grande variété de pratiques de gestion et de partage de données. Un des points mis en évidence est que, dans la logique scientifique, le partage des données répond un besoin.

Il fait partie intégrante de la stratégie du chercheur, dont l’objectif est avant tout de préserver ses intérêts professionnels. Les données s’inscrivent donc dans un cycle de crédibilité, qui leur confère à la fois une valeur d’usage (pour la production de nouvelles publications) et une valeur d’échange (en tant que monnaie d’échange dans le cadre de collaborations avec des partenaires).

L’enquête montre également que les services développés dans un contexte d’ouverture des données correspondent pour une faible partie à ceux qu’utilisent les chercheurs.

L’une des hypothèses émises est que l’offre de services arrive trop tôt pour rencontrer les besoins des chercheurs. L’évaluation et la reconnaissance des activités scientifiques étant principalement fondées sur la publication d’articles et d’ouvrages, la gestion et l’ouverture des données ne sont pas considérées comme prioritaires par les chercheurs.

La seconde hypothèse avancée est que les services d’ouverture des données sont proposés par des acteurs relativement éloignés des communautés de recherche. Les chercheurs sont davantage influencés par des réseaux spécifiques à leurs champs de recherche (revues, infrastructures…).

Ces résultats invitent finalement à reconsidérer la question de la médiation dans l’ouverture des données scientifiques.

URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02447653

Les données scientifiques face aux enjeux de la recherche en Sciences, Technologie et Médecine : enquête exploratoire à l’Université de Strasbourg

Auteur/Author : Violaine Rebouillat

Nous étudions la place des données scientifiques dans les pratiques de recherche à travers l’analyse de six projets du domaine des Sciences, Technologie, Médecine.

Il s’agit de questionner l’influence des stratégies de recherche sur la gestion et l’ouverture des données. Nous décrivons le rôle joué par la quête de reconnaissance par les pairs dans la recherche fondamentale et appliquée.

Nous montrons que les projets de recherche fondamentale tendent à suivre une logique, selon laquelle la publication d’articles dicte les priorités, tandis que les projets de recherche appliquée consacrent une attention plus grande aux données, en raison des enjeux économiques sous-jacents.

URL : https://hal-cnam.archives-ouvertes.fr/hal-02321077

Fabriquer des documents en Bibliothèque universitaire : un modèle d’apprentissage actif à la recherche documentaire

Auteur/Author  : Nathalie Joubert

Depuis plus de dix ans, les bibliothécaires tentent de renouveler les espaces et les services qu’ils proposent, en privilégiant la relation avec leurs publics. L’environnement dans lequel nous situons nos réflexions est celui des bibliothèques universitaires, autour des questions de formation documentaire des étudiants de licence en sciences humaines.

Constatant que la pédagogie traditionnelle ne correspond plus aux attentes des étudiants, les bibliothécaires cherchent à rénover les modalités de cette formation. De nouveaux concepts se développent, basés sur la pédagogie active, notamment sous la forme de laboratoires favorisant diverses expérimentations liées aux nouvelles technologies et plaçant l’utilisateur au cœur de l’innovation.

Partant de ces principes, nous envisageons une transposition vers des ateliers ludiques et actifs de fabrication de document par le biais d’enquête documentaire menée par des étudiants à qui une mission est confiée. Nous proposons d’interroger ces « DocuFabs » en tant qu’alternatives pédagogiques pour l’apprentissage des compétences informationnelles.

URL : https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible/752-fabriquer-des-documents-en-bibliotheque-universitaire-un-modele-d-apprentissage-actif-a-la-recherche-documentaire-nathalie-joubert