Auteur/Author : Mélodie Faury
Dans cet article, je m’intéresse à une période particulière d’un parcours de chercheur : la thèse, moment d’engagement (ou de choix de non-engagement) dans une carrière de recherche scientifique.
Les entretiens sont effectués auprès de dix doctorant.e.s en biologie expérimentale ayant tous suivi la même formation universitaire à la recherche. Lors d’un entretien, je leur propose de rendre compte de leur pratique, tout en la mettant à distance en la commentant à partir du relevé de leurs pratiques de communication quotidiennes (courriers électroniques, réunions, conversations avec différents membres du laboratoire, téléphone, séminaires, etc.).
L’étude des pratiques de communication dans les pratiques de recherche des doctorant.e.s met en évidence la fréquence et la diversité des pratiques et des situations de communication dans lesquelles les doctorant.e.s se retrouvent impliqués au cours d’une semaine.
Ces situations structurent leur travail de recherche et s’organisent autour, ou à partir, de ce qui constitue leurs principales activités en tant que doctorant.e.s : les expériences à la paillasse, en premier lieu, associées à la mise en place et à l’entretien de collaborations ; l’écriture d’articles, leur soumission pour publication et la présentation des résultats obtenus, devant les membres de l’équipe, du laboratoire ou dans le cadre de congrès, colloques ou séminaires.
La méthode d’entretien choisie est intéressante à deux titres : elle permet d’une part de rendre compte d’un quotidien peu connu de la pratique de recherche de doctorant.e.s en biologie expérimentale, et d’autre part d’appréhender le rapport des étudiants en thèse à ce qui constitue leur pratique de la recherche, par l’explication et le commentaire du relevé de leurs pratiques de communication de la semaine précédent l’entretien.
Cette approche constitue pour les chercheurs-enquêtés une première forme de mise à distance de leur pratique et une occasion d’élaborer un discours, face au chercheur-enquêteur, sur eux-mêmes, sur leur pratique et sur la science et elle me permet de saisir à un premier niveau comment se construit un « rapport identitaire et culturel aux sciences » par l’expérience vécue de la pratique (rendre compte de ce qui structure la pratique) telle qu’elle est rapportée dans les discours (parler de la pratique, la commenter et se positionner).