Auteur/Author : Éric Guichard
Nous commençons par exposer la complexité de la culture numérique et de la culture de l’écrit, qui définit le cadre de la première. Nous montrons que cette culture nous fait osciller entre bricolage et réflexivité (comme par le passé) et nous invite à expliciter le lien entre pensée et calcul.
Nous précisons les termes d’une « culture numérique minimale », que des pans de l’Université refusent d’intégrer alors qu’elle est souvent maîtrisée par les partisans des « humanités numériques ».
Pour autant, le mouvement des « humanités numériques », sauf à le considérer comme un syndicat de lettrés mal accueillis par l’Université, pose problème : il se veut fédérateur alors que les pratiques numériques savantes restent disciplinaires ; les définitions des disciplines données par ses hérauts sont approximatives et sou-vent erronées ; et les transformations induites par l’informatique et l’écriture numérique touchent toutes les disciplines.
Ce qui conduit des informaticiens à investir le champ des sciences sociales sans se revendiquer des « humanités numériques » et à soulever des questions humanistes pertinentes. Enfin, les initiatives des Gafam et de l’Union Européenne, relayées par les agences de financement de la recherche, favorisent une industrialisation des sciences de la culture et une caporalisation des sciences humaines et sociales que cachent mal les écritures de l’histoire des « humanités numériques ».
Restent des enjeux authentiquement humanistes, scientifiquement et politiquement bien plus stimulants que la quête d’une définition ou d’une institutionnalisation des « humanités numériques ».