Mutations dans la sous-filière de la revue scientifique dans les domaines STM : une analyse par les industries culturelles

Auteur/Author : Chérifa Boukacem-Zeghmouri

La revue scientifique, sous-filière du livre, a connu ces vingt dernières années des évolutions à la fois d’ordre technologique, social, économique et politique. Ces évolutions ont construit – dans le domaine des sciences dures et des sciences de la vie (STM) – chez les acteurs dominants des positionnements et des stratégies qui ont exacerbé le processus d’industrialisation de la sous-filière.

Pour analyser, caractériser et comprendre les formes d’industrialisation de la revue scientifique dans les domaines STM, nous avons revisité nos travaux de recherche en faisant appel au cadre théorique des industries culturelles (Miège, 1978) (Bouquillion, 2013). Au sein de ce cadre, nous avons souligné la cohérence de l’évolution de nos thématiques de recherches qui portèrent aussi bien sur les modalités de la production de la revue scientifique, que sur celles de la diffusion et de l’appropriation.

Nous avons également mieux identifié les contributions de nos recherches au sein de chaque thématique. Notamment, nous avons pu formaliser à partir de nos contributions que la dimension sociale des usages des plateformes de revues scientifiques ne peut être envisagée de manière disjointe de l’offre de contenus par les acteurs dominants et de leurs stratégies.

Ce faisant, à l’aide d’un ensemble de concepts, nous avons réexaminé et discuté nos travaux et leurs conclusions pour donner une lecture des mécanismes d’industrialisation qui ont prévalu dans l’univers papier et qui se prolongent dans l’univers numérique.

Nous avons ainsi montré que le glissement de la revue scientifique papier à la revue scientifique numérique est rythmée par deux transitions socio-techniques majeures qui ont ouvert la porte à de nouveaux intermédiaires, issus du Web. Les deux transitions ont été identifiées à l’aide d’une grille d’analyse permettant d’identifier les traits pertinents de l’industrialisation de la filière.

Nous avons ainsi pu tenir compte des acteurs impliqués, du modèle socio-économique associé, de la notion de risque, de la nature des produits et de leur valeur associée, de leur internationalisation, des crises identifiées au sein de la sous-filière, mais aussi des paradigmes industriels dominants (convergence, collaboration et production).

Ces deux transitions prennent le contrepied des discours « révolutionnaires » autour de la publication scientifique qui ont prévalu à la fin des années 1990 et qui sont encore vivaces. Elles montrent que l’émancipation de la revue scientifique vis-à-vis du modèle éditorial papier vient seulement de s’amorcer. Chacune de ces transitions ouvre la voie à de nouvelles modalités de publication qui côtoient les modalités antérieures, sans les anéantir.

L’évolution de la filière semble donc se diriger vers la coexistence de deux modèles socio-économiques, le modèle éditorial et le modèle du flot. La première transition, développée dans le chapitre 1 du mémoire est qualifiée de « Numérisation ». Elle souligne les liens maintenus ou distendus entre le modèle éditorial de la revue papier et celui de la revue électronique. Elle représente une phase d’édition de documents numériques, encore ancrée dans les repères de l’autorité éditoriale de la revue papier.

Durant cette phase, la stabilité des formes structurelle et matérielle de l’article a été préservée. La phase de numérisation a conduit à un accès et à une circulation sans précédent des articles de la revue scientifique. Cette phase exacerbe le processus d’autonomisation de l’article scientifique – amorcé dans les années 1980 autour des bases de données bibliographiques – avec le modèle de la plateforme, introduit par l’offre des grands groupes de l’édition scientifique.

La seconde phase, qualifiée de « Fragmentation », rend compte de la manière avec laquelle les pratiques d’accès à l’article scientifique – autonomisé – se sont développées à l’aide du moteur de recherche Google, proposant un accès simplifié et direct à la publication scientifique. Cette phase donne à voir des mouvements stratégiques entre éditeurs scientifiques et Google, devenu le nouvel intermédiaire de la sous-filière de la revue scientifique. La phase de fragmentation conduit les grands groupes de l’édition scientifique à prendre en compte un nouveau modèle économique, associé au « Libre Accès » destiné à consolider leur place dans la sous-filière.

La troisième partie de la note d’HdR s’appuie sur nos travaux les plus récents – dont certains sont en cours – autour des nouvelles formes de publication de l’article et de la revue scientifique. Cette dernière partie fait appel au paradigme industriel de la création pour mettre en lumière les mécanismes d’intensification de la production scientifique. Elle est traversée par la question du statut et de la nature en redéfinition de l’article et de l’information scientifiques, au sein d’une sous-filière qui émarge à deux modèles socio-économiques, le modèle éditorial et le modèle du flot.

La question du périmètre des communautés ciblées, des nouveaux régimes d’autorité de l’article scientifique en regard des nouvelles formes collaboratives de production de la connaissance scientifique est également soulevée. Les évolutions touchant à la publication scientifique ont été traitées par différentes disciplines (histoire des sciences, sociologie des sciences).

Cette note de mémoire en vue de l’obtention de l’HdR propose une contribution des sciences de l’information et de la communication, par ses propres cadres d’analyse, à la compréhension des évolutions d’une sous-filière du livre, la revue scientifique. Selon le principe de réflexivité, les constats portés par nos travaux empiriques, viennent interroger et alimenter le cadre théorique que nous avons emprunté pour l’exercice de ce mémoire d’HdR.

Nos contributions se situent essentiellement autour des stratégies d’accès, de diffusion et de valorisation développées par les acteurs dominants de la sous-filière, les grands groupes de l’édition scientifique, fragilisés par la montée du modèle socio-économique du flot.

URL : http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/tel-01281524v1

The application of bibliometrics to research evaluation in the humanities and social sciences: an exploratory study using normalized Google Scholar data for the publications of a research institute

In the humanities and social sciences, bibliometric methods for the assessment of research performance are (so far) less common. The current study takes a concrete example in an attempt to evaluate a research institute from the area of social sciences and humanities with the help of data from Google Scholar (GS).

In order to use GS for a bibliometric study, we have developed procedures for the normalisation of citation impact, building on the procedures of classical bibliometrics. In order to test the convergent validity of the normalized citation impact scores, we have calculated normalized scores for a subset of the publications based on data from the WoS or Scopus.

Even if scores calculated with the help of GS and WoS/Scopus are not identical for the different publication types (considered here), they are so similar that they result in the same assessment of the institute investigated in this study: For example, the institute’s papers whose journals are covered in WoS are cited at about an average rate (compared with the other papers in the journals).

URL :  : https://figshare.com/articles/The_application_of_bibliometrics_to_research_evaluation_in_the_humanities_and_social_sciences_an_exploratory_study_using_normalized_Google_Scholar_data_for_the_publications_of_a_research_institute/1293588

Vers des bibliothèques de lecture publique sans livres imprimés ?

L’étude de l’évolution du discours et des données en matière de volumétrie documentaire permet-elle d’anticiper la mise en place de bibliothèques sans livres imprimés en France ? Quelles sont les origines et les caractéristiques principales de ces bibliothèques d’un nouveau genre et en quoi peuvent-elles constituer un modèle pour les bibliothèques de lecture publique françaises ?

La collection physique reste-t-elle le coeur de la bibliothèque à l’heure où les bibliothécaires accordent une importance croissante au bien-être de leurs usagers et entreprennent d’inscrire leur offre documentaire dans un environnement numérique ? Dans un contexte où les bibliothèques traversent une crise identitaire, tenter de répondre à ces questions constitue aujourd’hui une nécessité pour enrichir le débat portant sur l’avenir des bibliothèques.

URL : Vers des bibliothèques de lecture publique sans livres imprimés ?

Alternative location : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notices/65759-vers-des-bibliotheques-de-lecture-publique-sans-livres-imprimes

Beams of Particles and Papers. The Role of Preprint Archives in High Energy Physics

In high energy physics scholarly papers circulate primarily through online preprint archives based on a centralized repository, arXiv.org, that physicists simply refer to as ‘the archive.’ This is not a tool for preservation and memory, but rather a space of flows where written objects are detected and then disappear, and their authors made available for scrutiny.

In this work I analyse the reading and publishing practices of two subsets of particle physicists, theorists and experimentalists. In order to be recognized as legitimate and productive members of their community, physicists need to abide by the temporalities and authorial practices structured by the archive. Theorists live in a state of accelerated time that shapes their reading and publishing practices around a 24 hour cycle.

Experimentalists resolve to tactics that allow them to circumvent the slowed-down time and invisibility they experience as members of large collaborations. As digital archives for the exchange of preprint articles emerge in other scientific fields, physics could help shed light on general transformations of contemporary scholarly communication systems.

URL : Beams of Particles and Papers. The Role of Preprint Archives in High Energy Physics

Alternative location : http://arxiv.org/abs/1602.08539

Preplication, Replication: A Proposal to Efficiently Upgrade Journal Replication Standards

Despite 20 years of progress in promoting replication standards in International Relations (IR), significant problems remain in both the provision of data and the incentives to replicate published research. While replicable research is a public good, there appear to be private incentives for researchers to follow socially suboptimal research strategies.

The current situation has led to a growing concern in IR, as well as across the social sciences, that published research findings may not represent accurate appraisals of the evidence on particular research questions. In this article, I discuss the role of private information in the publication process and review the incentives for producing replicable and nonreplicable research.

A small, but potentially important, change in a journal’s workflow could both deter the publication of nonreplicable work and lower the costs for researchers to build and expand upon existing published research. The suggestion, termed Preplication, is for journals to run the replication data and code for conditionally accepted articles before publication, just as journals routinely check for compliance with style guides.

This change could be implemented alongside other revisions to journal policies around the discipline. In fact, Preplication is already in use at several journals, and I provide an update as to how the process has worked at International Interactions.

URL : http://isp.oxfordjournals.org/content/early/2016/02/10/isp.ekv016

Les revues en sciences humaines et sociales à l’heure des communs

Les échanges récents autour de la loi numérique, comme les discussions ayant fait suite à la mise en place de politiques d’open access par le Conseil européen de la recherche ont largement contribué à publiciser, en France, des débats se déroulant à l’échelle internationale sur les transformations de l’économie politique des publications scientifiques.

Sans discuter ici la vaste littérature produite par des chercheurs en sciences documentaires, mais aussi par différentes parties prenantes (militants de l’accès ouvert, éditeurs, sociétés savantes, financeurs, instances politiques), nous rappelons les caractéristiques de l’édition scientifique en SHS en France, puis nous décrivons les formes contemporaines d’appropriation des publications scientifiques par les éditeurs et diffuseurs. Enfin, nous exposons différentes politiques publiques et les fondements de la politique de l’InSHS en la matière.

URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01278853

Open educational resources and college textbook choices: a review of research on efficacy and perceptions

Textbooks are a vital component in many higher education contexts. Increasing textbook prices, coupled with general rising costs of higher education have led some instructors to experiment with substituting open educational resources (OER) for commercial textbooks as their primary class curriculum. This article synthesizes the results of 16 studies that examine either (1) the influence of OER on student learning outcomes in higher education settings or (2) the perceptions of college students and instructors of OER.

Results across multiple studies indicate that students generally achieve the same learning outcomes when OER are utilized and simultaneously save significant amounts of money. Studies across a variety of settings indicate that both students and faculty are generally positive regarding OER.

URL : Open educational resources and college textbook choices: a review of research on efficacy and perceptions

Alternative location : http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11423-016-9434-9

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