Quel modèle économique pour une numérisation patrimoniale respectueuse du domaine public ?

Auteur/Author : Lionel Maurel

Les institutions culturelles (bibliothèques, archives, musées) sont placées dans une position délicate par rapport à la question de la réutilisation des produits de la numérisation patrimoniale. Les crédits publics alloués à la numérisation sont – comme les autres-en baisse et le volume des collections restant à convertir en format numérique est immense.

Confrontées de la part de leurs tutelles à l’injonction de trouver des pistes d’autofinancement, les services culturels sont incités à dégager des ressources propres en levant des redevances sur la réutilisation des oeuvres du domaine public numérisées. Mais d’un côté, il leur est aussi fait reproche de poser de nouvelles enclosures sur les biens communs de la Connaissance que devraient constituer les collections numérisées.

La numérisation constitue en effet le moyen de réaliser la promesse du domaine public, en permettant la reproduction et la diffusion à grande échelle des oeuvres, libérées des contraintes matérielles liées à leurs supports physiques.

Mais encore faut-il que ces activités de numérisation conduites par les acteurs publics soient soutenables financièrement à long terme, ce qui pose un problème de modèle économique devant être regardé en face. Cette question existe depuis les débuts de la numérisation, mais elle risque de se poser avec une acuité nouvelle à l’avenir.

En effet jusqu’à une date récente, la création de nouvelles couches de droits par les institutions culturelles sur les oeuvres numérisées soulevaient de nombreuses questions juridiques et cette pratique était même parfois dénoncée comme relevant du Copyfraud (fraude de droit d’auteur).

Mais avec la loi du 28 décembre 2015 « relative à la gratuité et aux modalités de la réutilisation des informations du secteur public » (dite aussi Loi Valter), la France a choisi de lever l’ambiguïté juridique d’une manière qui ne pourra désormais plus être contestée.

Le texte grave dans le marbre la possibilité pour les institutions culturelles de lever des redevances sur la réutilisation des « informations issues des opérations de numérisation des fonds et des collections des bibliothèques, y compris des bibliothèques universitaires, des musées et des archives ».

Il les autorise également à conclure des partenariats public-privé « pour les besoins de la numérisation de ressources culturelles » avec l’octroi d’exclusivités d’une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans, susceptibles elles aussi de limiter la réutilisation des oeuvres.

Que cette possibilité d’établir des redevances de réutilisation soit désormais consacrée ne signifie pas cependant que les institutions culturelles soient obligées d’y recourir. Plusieurs services d’archives, de bibliothèques ou de musées ont choisi d’autoriser la libre diffusion des oeuvres qu’elles numérisent en respectant leur appartenance au domaine public.

URL : https://hal-univ-paris10.archives-ouvertes.fr/hal-01528096/

Ouverture des données, Les enjeux des portails Opendata métropolitains

Auteurs/Authors : Françoise Paquienséguy,  Valentyna Dymytrova

La plupart des Métropoles se dotent de portails OpenData avec un triple objectif : ouvrir les données publiques ; permettre aux citoyens d’y accéder pour leur faciliter la vie et la prise de décision ; soutenir le développement économique du territoire en fournissant ces données à des ré-utilisateurs qui s’en servent pour créer des applications.

Autrement dit, devenir une smart city. Sur la base de la théorie de l’acteur-réseau de Latour (ANT) qui inclut les acteurs non-humains, ici les portails, complétée par une analyse sémio-pragmatique de plusieurs portails métropolitains, nous étudierons à la fois les enjeux en présence pour la Métropole et les acteurs du territoire et les contradictions qui surgissent lors de leur matérialisation dans un portail OpenData.

Si l’analyse globale porte sur 24 portails, seuls quelques-uns seront particulièrement développés lors de la communication : Grand Lyon Data, Rennes Métropole, Montpellier Méditerranée Métropole, Open Data Bordeaux, Berlin Open Data, London Datastore, New York Open Data et Séoul Open Data.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01526769

L’imaginaire des dispositifs numériques pour la médiation au musée d’ethnographie

Auteur/Author : Eva Sandri

Cette thèse propose d’observer l’imaginaire des dispositifs numériques dans les musées d’ethnographie confrontés à la réalisation de dispositifs numériques pour la médiation tels que les tablettes tactiles ou les navigateurs de réalité augmentée.

Ce travail s’intéresse au positionnement des professionnels de musée face à la présence croissante d’outils numériques dans l’espace d’exposition, sous-tendue par un discours promotionnel technophile de la part des sphères journalistique et politique qui décrivent ces technologies comme fortement souhaitables.

Une enquête ethnographique réalisée dans deux musées soumis à une injonction technologique (le Museon Arlaten d’Arles et le musée McCord de Montréal) interroge les attentes et les imaginaires qu’ont les professionnels du musée de ces dispositifs. À l’aune du concept de trivialité d’Yves Jeanneret, il s’agit de comparer les discours d’escorte portant sur le numérique avec les discours des professionnels de deux musée d’ethnographie, afin de mettre à jour les modes de circulation de ces discours et les imaginaires qui les fondent.

Répondre à ce questionnement a nécessité une démarche en trois temps. Il s’est agi dans un premier temps de relever les différents discours d’escorte portant sur les dispositifs numériques au musée et les injonctions qu’ils véhiculent afin de comprendre à quelles prescriptions les professionnels étaient exposés.

D’autre part, interroger les professionnels de musée afin de relever leur imaginaire des dispositifs technologiques a permis de connaitre leurs attentes et craintes vis-à-vis de ces supports.

Enfin, questionner les enquêtés sur leurs pratiques concrètes lors de la conception effective de ces dispositifs a permis d’observer des processus d’ajustement, prenant la forme de logiques d’opposition, d’adaptation et d’invention.

Après avoir comparé le discours des professionnels avec les discours d’escorte médiatiques et politiques, nous avons observé un décalage entre les discours d’escorte sur l’innovation technologique au musée et la façon dont les professionnels de ces institutions culturelles évoquaient ces questions.

Le caractère révolutionnaire des discours décrivant les technologies n’est pas repris par les professionnels des musées mais il est fortement nuancé dans un imaginaire raisonné et pertinent des technologies, assorti d’un rapport ambigu à l’innovation qui interroge les enjeux symboliques du progrès technologique dans la médiation muséale.

URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01513541

Les blogs de science dans la recherche et la médiation scientifique : pourquoi, comment et pour qui ?

Auteur/Author : Antoine Blanchard

La révolution du web 2.0, qui vit internet passer d’une dynamique de diffusion à une dynamique d’interaction où chaque internaute peut exister et être reconnu par les conversations auxquelles il participe sur diverses plateformes et réseaux sociaux numériques, n’a pas épargné la communauté scientifique.

En particulier, le format « blog » (terme formé par aphérèse de l’expression « web log », pour journal en ligne), initialement utilisé pour des journaux intimes, s’est développé comme un outil de publication et de conversation répondant aux besoins variés de cette communauté.

D’abord isolés, puis regroupés en communautés, les blogueurs de science (expression qui inclut les scientifiques professionnels mais aussi les étudiants, journalistes scientifiques, amateurs de science, musées et centres de science, groupes concernés… qui tiennent un blog à teneur scientifique) ont démontré leur capacité à influencer la manière dont la recherche avance, dont les résultats sont communiqués et dont les publics sont touchés.

Parmi les nombreux sujets dont les blogs discutent, je me concentrerai ici sur les sujets proprement scientifiques ou liés au monde de la recherche, délimitant ainsi une sous-catégorie du « blogging scientifique » qui fait du numérique académique (« digital scholarship ») une conversation (« conversational scholarship »). En quoi cela consiste-t-il concrètement ? Où cette évolution nous entraine-t-elle ? Je tenterai de faire la lumière sur ce phénomène dans ce chapitre.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01527122/

Le livre numérique en bibliothèques, entre absences et attentions. Études des formes de rematérialisation d’offres réputées immatérielles

Auteurs/Authors : Marie Doga, Olivier Zerbib

Comment se dessinent les offres de livres numériques qui sont actuellement ou seront proposées demain aux usagers des bibliothèques ? Si le livre numérique est réputé immatériel, le faire entrer dans les catalogues des bibliothèques exige des opérations qui, quant à elles, s’inscrivent dans des dispositifs sociotechniques, des interactions, des organisations, des savoir-faire ou bien encore des usages loin d’être évanescents.

Ce sont notamment ces allers-retours incessants entre éditeurs, distributeurs, agrégateurs de contenus, médiateurs et usagers, sans oublier les représentants des différentes tutelles nationales ou locales, qui conforment les offres de livres numériques et les usages qui sont susceptibles d’en être faits.

La numérisation bouscule les notions d’acquisition, de fonds documentaires ou bien encore de pérennité d’accès. Comment les professionnels se réapproprient-ils les règles de ce nouveau marché ?

Les institutions publiques que sont les bibliothèques constituent d’excellents observatoires de cette innovation en train de se faire que constitue le livre numérique, cela d’autant plus que cette dernière s’inscrit dans la continuité d’une série d’autres adaptations ayant transformé les bibliothèques durant les dernières décennies.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01492516

Le numérique et le lecteur, retour du nomade : Une enquête dans les médiathèques en Auvergne-Rhône-Alpes

Auteur/Author : Mabel Verdi Rademacher

Comment les bibliothèques participent-elles à la construction de la pratique de lecture numérique de leurs usagers ?

Cette enquête qualitative menée en 2015 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes recueille les récits des professionnels de l’information et des usagers inscrits : à la question initiale posée par ce support nomade, se superposent les interrogations sur les contenus nomades quand, en fin de compte, il semble que ce soit l’acte lui-même de lire que l’on souhaite toujours plus mobile, extensible, intégré dans les dimensions de nos vies, fussent-elles numériques.

URL : http://www.enssib.fr/presses/catalogue/le-numerique-et-le-lecteur-retour-du-nomade

Après l’Internet : le Cloud, les big data et l’Internet des objets

Auteur/Author : Vincent Mosco

Le présent article identifie les traits caractéristiques  de la prochaine phase du développement d’Internet en mettant l’accent sur l’informatique en nuage (le cloud computing) les services d’analyse des données (big datas analytics) et l’Internet des objets.

Ensemble ils étendent les possibilités de centraliser le contrôle sur les données, d’approfondir la commercialisation de l’information et d’élargir la portée d’Internet de la connexion des individus à la formation basée sur les données de réseaux d’objets.

Ils soulèvent également d’importantes questions de politique sociale, parmi lesquelles la concentration du pouvoir dans une poignée de compagnies étroitement liées au monde du renseignement militaire; les conséquences environnementales de la construction, de la mise sous influence et de la connexion des populations à un réseau mondial de centres de données en nuage (cloud computing); les conséquences de la connexion de milliards d’objets sur la vie privée et la sécurité; et l’impact des dispositifs intelligents sur l’avenir du travail.

URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2016-dossier/09-Mosco-Fr/index.html