Qui dépose quoi sur Hal-SHS ? Pratiques de dépôts en libre accès en sciences humaines et sociales

Auteurs/Authors : Annaïg Mahé, Camille Prime-Claverie

Hal-SHS est la partie de la plateforme française HAL pour les sciences humaines et sociales où la production scientifique des chercheurs peut être rendue visible par le dépôt de notices de documents, et éventuellement librement accessible par le dépôt de fichiers associés.

Afin de comprendre qui dépose quoi, nous avons moissonné un corpus de 336 160 enregistrements à partir de l’entrepôt OAI de Hal-SHS correspondant aux notices déposées sur la plateforme depuis ses débuts, en 2002, jusqu’à 2016 inclus.

Les analyses statistiques effectuées sur ces données nous ont permis d’observer une forte implication des chercheurs dans l’auto-archivage et des différences disciplinaires qui se traduisent par des logiques de dépôts contrastées (communication scientifique directe, archivage, recensement et référencement).

Au final, l’étude fait apparaître que la plateforme est davantage utilisée en tant qu’outil de mise en visibilité de la production scientifique, avec le texte intégral comme une simple option, différemment appréciée selon les disciplines.

URL : https://rfsic.revues.org/3315

La construction de la valeur économique d’une revue en chimie. Le cas du Journal of the American Chemical Society (1879-2010)

Auteur : Marianne Noel

Dans le domaine de la chimie, la facturation de l’article à l’auteur est devenue depuis quelques années la modalité principale d’open access. Le montant des frais (appelés Article Processing Charges ou APC) varie de quelques centaines à quelques milliers d’euros par article selon la revue.

Cet article propose un récit historique (1879-2010) qui suit un mécanisme méconnu antérieur à celui du paiement à l’article : la tarification à la page. Il prend pour étude de cas le Journal of the American Chemical Society-JACS, un périodique créé en 1879 par l’American Chemical Society, la plus importante société savante en chimie.

Nous proposons une chronologie en cinq périodes qui reposent sur différentes modalités de coordination marchande. Cette enquête, réalisée dans le contexte états-unien, souligne le rôle essentiel de l’État et permet d’interroger la fonction changeante de la revue dans la longue durée.

URL : https://rfsic.revues.org/3281

 

Mesurer les dépenses d’APC : méthodologie et étude de cas. Approche comparée Aix Marseille Université – Université de Lorraine

Auteurs/Authors : Marlène Delhaye, Jean-François Lutz

Souvent abusivement désigné comme le modèle « auteur-payeur », l’open access gold est généralement financé en amont par les institutions d’enseignement supérieur et de recherche qui éditent et diffusent les revues.

De fait, le DOAJ (Directory of Open Access Journals) recense 67 % de revues en open access – dont la RFSIC – ne demandant aucun frais de publication aux auteurs. Le tiers de revues restant s’appuyant sur le paiement par les auteurs – ou leur institution de rattachement le plus souvent – de frais de traitement (Article Processing Charges, APC) pour assurer la diffusion ouverte des articles que celles-ci ont accepté de publier.

À ces revues s’ajoutent les revues traditionnellement disponibles sur abonnement qui proposent une option de diffusion en open access à l’article : il s’agit du modèle de l’open access « hybride ».

Le suivi de l’évolution des coûts engendrés par l’open access gold aussi bien que par l’open access hybride suscite un intérêt depuis la fin des années 2000. Il devient crucial dans certains pays (Royaume-Uni) à compter de 2012 et est désormais un enjeu reconnu à l’échelon européen. Après avoir présenté l’état de la réflexion européenne dans le domaine du suivi des dépenses d’APC, l’étude s’attache à présenter trois méthodes de suivi qui peuvent être mises en place au sein d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche : utilisation d’une base de données bibliographique ; sollicitation des éditeurs et recours au logiciel comptable. Ces méthodes ont été appliquées à deux universités (Aix-Marseille Université et l’Université de Lorraine) sur des données allant de deux à trois années (2013-2015).

L’article présente de premiers résultats qui permettent d’identifier et de discuter des forces et des faiblesses de chacune des approches méthodologiques évoquées.

URL : https://rfsic.revues.org/3238

Open et régime de savoirs en recomposition : le cas de la consultation République Numérique

Auteur/Author : Célya Gruson-Daniel

Les multiples traductions françaises du terme open (ouvert, gratuit ou bien encore libre) en fonction du contexte sont révélatrices de sa richesse polysémique. Les débats sur cette notion donnent un éclairage sur les enjeux socio-politiques actuels associés aux recompositions d’un régime de savoir en contexte numérique.

Des tensions dont témoigne la vivacité des échanges qui ont eu lieu lors de la consultation pour une République Numérique (2015) autour de l’article « le libre accès aux publications scientifiques en recherche publique ». Par une approche à la croisée entre sociologie pragmatique et sciences de l’information et de la communication, cette étude entend dépasser la lecture dichotomique, parfois un peu caricaturale, du débat sur l’open access entre vision utopique du libre accès et regard pragmatique favorable à un accès ouvert raisonné.

L’enquête ethnographique numérique – menée dans une démarche de théorisation ancrée – donne à voir la richesse des perspectives et des stratégies argumentatives déployées par différentes parties prenantes, plus spécifiquement en sciences humaines et sociales, en fonction des espaces numériques investis.

Par la présentation de deux espaces clefs de ces débats – la plateforme de la consultation et un média généraliste en ligne – cette analyse montre que ces grandes distinctions « pragmatiques et utopistes » relèvent plutôt de stratégies argumentatives employées par les parties prenantes pour légitimer leur propos dans un contexte de controverse technoscientifique.

URL : https://rfsic.revues.org/3214

Quels choix juridiques pour la médiation culturelle et scientifique dans l’environnement numérique ?

Auteur/Author : Lionel Maurel

La dimension juridique n’est pas forcément celle à laquelle on songe en premier lorsque l’on envisage les «enjeux numériques pour la médiation scientifique et culturelle du passé».

Pourtant, tout autant que la technique, le droit est devenu aujourd’hui un facteur essentiel d’interopérabilité dans l’environnement numérique. Tout projet culturel ou scientifique produisant des données et/ou des contenus doit s’interroger sur les conditions juridiques de mise à disposition de ces objets, sous peine que ces questions ne se posent ensuite a posteriori, en provoquant alors souvent difficultés et blocages pour ne pas avoir été suffisamment anticipées.

Cette dimension juridique est néanmoins de plus en plus importante pour les institutions culturelles (archives, bibliothèques, musées, etc.), ainsi que pour les équipes de chercheurs à mesure que la démarche du Linked Open Data (LOD) se développe et place les porteurs de projets devant des choix souvent complexes à effectuer.

L’ouverture des données implique en effet d’être en mesure de choisir entre plusieurs licences parmi le panel d’outils contractuels existants pour les appliquer à différents objets, sachant que leurs effets varient sensiblement et ne sont pas neutres pour les réutilisateurs en aval.

La visibilité des projets, leur capacité à nouer des relations avec d’autres initiatives et les formes même de médiation qui pourront être mis en oeuvre auprès de différents publics découlent en partie des décisions qui auront été prises à propos des conditions d’utilisation des données et contenus.

Le présent article vise à décrire les principes de base à partir desquels ces choix peuvent être effectués dans de bonnes conditions. En particulier, cet article s’attachera à montrer que faire le choix de l’ouverture par le biais de licences adaptées constitue un atout pour le développement de la médiation autour des données de la recherche.

URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01577998/

 

Valoriser les ressources numériques alternatives dans les bibliothèques publiques : un vecteur d’opportunités pour le développement des biens communs

Auteur/Author : Hans Dillaerts

Les ressources numériques alternatives peuvent être définies comme des ressources relevant du domaine public ou des ressources numériques diffusées sous la forme d’une licence libre. La place qu’occupent ces ressources dans les bibliothèques publiques est encore marginale.

Force est de constater que les politiques documentaires des bibliothèques publiques s’articulent prioritairement autour de l’offre commerciale portée par les éditeurs. Alors qu’il paraît évident que l’intégration et la valorisation de ces ressources libres au cœur des politiques documentaires permettraient non seulement aux bibliothèques de proposer une offre plus riche et plus diversifiée, mais aussi de valoriser la richesse littéraire, culturelle et artistique qui se développe sur le Web en dehors de la sphère marchande.

Quelles sont ces ressources numériques alternatives ? Comment opérer et construire une offre documentaire complémentaire des ressources physiques ? Quels enjeux pour les bibliothèques, le métier et les missions des bibliothécaires?

URL : https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_01561437

 

Interopérabilité et logiques organisationnelles. Ce qu’ouvrir ses données veut dire

Auteurs/Authors : Marie Després-Lonnet, Béatrice Micheau, Marie Destandau

Dans la perspective de l’ouverture des données publiques, nous accompagnons trois institutions qui gèrent des fonds liés à la musique, dans cette triple évolution technique, organisationnelle et politique.

L’objectif est de concevoir une « ontologie » qui servira d’appui à la description de la musique. Notre collaboration avec les experts a permis de saisir les tensions que ce projet génère, malgré la volonté collective de parvenir à une modélisation partagée.

Nous avons ainsi pu montrer que chaque institution porte un regard situé sur la musique comme pratique sociale et sur les objets et documents qu’elle détient. La recherche d’un modèle commun et qui pourrait s’appliquer globalement nécessite que chaque institution envisage les données et les concepts associés d’une façon plus globale et remette en partie en question ses modes de faire.

Notre étude montre que pour ne pas aboutir à un modèle totalement abstrait, il convient de voir la modélisation comme une forme de discours qui s’inscrit dans la continuité des écritures de notre patrimoine culturel : écritures vivantes, faites de négociations constantes entre normes et bricolages, nécessités organisationnelles et adaptation à des contraintes ponctuelles, dont nous retrouvons sans cesse les multiples traces, qui sont autant de matériaux pour nos recherches sur l’anthropologie des savoirs.

Les recherches présentées dans cet article ont été partiellement financé par le projet ANR-2014-CE24-0020 «DOREMUS.

URL : http://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau