Être chercheur, devenir expert ? L’économie morale du rapport à l’expertise dans un laboratoire de toxicologie

Auteur/Author : David Demortain

Le rapport entre système de recherche et action publique s’est institutionnalisé ces dernières années, à travers un entrelacs de comités d’expertise, de groupes de travail ou de conseils scientifiques, souvent supervisés par des agences gouvernementales, qui permettent la mobilisation systématique de chercheurs pour la sécurité sanitaire.

Le système d’expertise ne peut toutefois collecter l’ensemble des connaissances scientifiques produites par les chercheurs, ne serait-ce que parce qu’une partie de cette profession considère que l’expertise ne fait pas partie de son métier.

Cet article cherche à comprendre comment et dans quelle mesure les chercheurs deviennent experts, à partir d’une analyse des activités des chercheurs d’un laboratoire de toxicologie, et des motifs et modalités variées d’engagement dans l’expertise parmi ceux-ci.

Il dégage trois économies morales distinctes du rapport à l’expertise, pour montrer que l’engagement dans l’expertise est lié à différentes manières de définir et valoriser le travail de recherche toxicologique.

DOI : https://doi.org/10.4000/rac.19302

Les pratiques de recherche documentaire des chercheurs français en 2020 : étude du consortium Couperin

Auteurs/Authors : Marie Pascale Baligand, Grégory Colcanap, Vincent Harnais, Françoise Rousseau‐Hans, Christine Weil‐Miko

Connaître les pratiques et les besoins documentaires des communautés de recherche dans les différentes disciplines et les différents types d’institutions, c’est ce à quoi le consortium Couperin s’attelle avec les enquêtes réalisées auprès des chercheurs, des enseignants-chercheurs, des ingénieurs ou des doctorants.

Ces analyses sont essentielles pour connaître les changements à l’œuvre dans une période où la science s’ouvre, où les coûts liés aux ressources documentaires sont particulièrement élevés et où les modèles économiques de la publication scientifique sont engagés dans une mutation à l’issue incertaine.

Cette enquête s’inscrit dans la perspective particulière du renouvellement des marchés d’outils bibliographiques et bibliométriques. Son objet est limité aux pratiques de la recherche documentaires.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés, ils confirment souvent les analyses que les professionnels de l’information scientifique tirent de leur pratique du terrain et des relations qu’ils entretiennent avec les acteurs de la recherche. 5598 réponses complètes ou partielles ont pu être analysées donnant ainsi à cette étude une dimension représentative certaine.

URL : Les pratiques de recherche documentaire des chercheurs français en 2020 : étude du consortium Couperin

Original location : https://hal.inrae.fr/hal-03148285

Ouverture des données de recherche dans le domaine académique suisse : outils pour le choix d’une stratégie institutionnelle en matière de dépôt de données

Auteur/Author : Marielle Guirlet

Le contexte actuel de l’Open Science se traduit par des exigences d’ouverture des données de recherche. Le dépôt de données est un instrument crucial pour partager publiquement ces données.

Néanmoins, l’offre actuelle pléthorique et très diverse rend la sélection du dépôt difficile pour les chercheurs et les chercheuses. Pour les aider, leurs institutions d’affiliation émettent des recommandations pour le choix du meilleur dépôt. Elles proposent parfois aussi leur propre dépôt de données ou envisagent de le créer.

Cette étude, basée sur un travail de Master en sciences de l’information, s’intéresse à la démarche que les institutions académiques suisses peuvent suivre pour définir leur stratégie de soutien aux chercheurs et aux chercheuses en termes de dépôt.

Elle identifie aussi les informations qui vont aider ces institutions à choisir entre orienter ces chercheurs et ces chercheuses vers un dépôt existant (et lequel) et créer un nouveau dépôt, et aux spécifications que ce dépôt doit remplir.

Après avoir défini les concepts des données de recherche et des dépôts ouverts, les fonctionnalités, les outils et les services nécessaires à un dépôt pour mettre en œuvre le partage public de données sont discutés.

A partir des critères utilisés par la certification CoreTrustSeal pour évaluer la qualité d’un dépôt, et en tenant compte de ces fonctionnalités, de ces outils et ces services, un modèle de description d’un dépôt de données de recherche ouvertes est élaboré. Ce modèle peut être utilisé pour l’évaluation d’un dépôt existant ou pour la conception d’un nouveau dépôt.

Les stratégies de neuf institutions académiques suisses en matière de dépôt de données de recherche, dépôts utilisés et dépôts recommandés, sont analysées. Des recommandations sont formulées, sur la base des bonnes pratiques observées.

Des outils développés pour le choix de la meilleure stratégie en termes de dépôt de données de recherche ouvertes sont alors présentés. Un vade-mecum se présentant comme une liste de questions permet de collecter certaines informations utiles.

Un guide décisionnel accompagne l’institution dans sa réflexion et lui permet de choisir sa stratégie de façon éclairée, avec les informations collectées précédemment. Une fois cette stratégie choisie, des informations complémentaires et des recommandations sont disponibles pour sa mise en pratique.

Une version prototype de ces outils pour navigateur Internet est aussi présentée. Elle est adaptable à une évolution du contexte et transposable à d’autres pays.

URL : http://www.ressi.ch/num21/article182

OAI-PMH à « l’heure du web sémantique » : bilans et perspectives

Auteur/Author : Vincent de Lavenne de la Montoise

À l’approche du vingtième anniversaire du protocole OAI-PMH, et dans un environnement web qui a subi de profondes évolutions (technologiques et d’usages), quelle est l’actualité de l’échange de données ? Comment se sont construits les usages des professionnel le s en la matière ? Sont ils adaptés aux défis actuels ?

Ce travail se propose d’analyser l’exposition et l’échange de données sous un angle historique, avant d’essayer de comprendre les enjeux actuels qui détermineront quelle(s) solution(s) techniques choisir.

URL : OAI-PMH à « l’heure du web sémantique » : bilans et perspectives

Original location : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/69909-oai-pmh-a-l-heure-du-web-semantique.pdf

Les usages des ressources pédagogiques numériques par les étudiants de 1er cycle universitaire : Une distribution par filière d’étude et année de formation

Auteur/Author : Emmanuel Brandl

Rares sont les enquêtes sociologiques qui analysent l’influence de la discipline, entendue comme « matrice disciplinaire » (Lahire, 1998), dans la structuration et la différenciation des pratiques étudiantes.

Pourtant, la matrice disciplinaire est déterminante en ce qu’elle est une instance de socialisation qui structure les manières d’étudier. Ces enquêtes mettent pourtant en évidence un usage différencié des ressources pédagogiques selon la discipline (notes de cours, photocopies, articles, ouvrages…).

Ce qui n’est pas sans intérêt : focaliser son attention sur les conditions d’appropriation des ressources pédagogiques prend une acuité particulière quand on sait qu’il s’agit in fine des conditions d’appropriation des savoirs disciplinaires, lesquelles sont déterminantes dans la réussite ou non des cursus universitaires.

Cependant, ces enquêtes ont été menées à des moments où ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le « numérique », et notamment le numérique pédagogique, n’était pas ou peu développé, surtout à l’université.

Quelle est alors l’influence du numérique sur ces logiques disciplinaires? Seraient-elles dépassées par le numérique? L’article interroge en creux les logiques par lesquelles les dispositifs et contenus numériques sont pensés à l’université : une offre qui ferait l’économie d’une analyse des principes de différenciation internes à l’université ne serait-elle pas vouée à n’avoir qu’un impact limité?

URL : Les usages des ressources pédagogiques numériques par les étudiants de 1er cycle universitaire : Une distribution par filière d’étude et année de formation

Original location : https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/175

Ce que les collections numériques font aux bibliothèques

Auteurs/Authors : Benoît Epron, Florence Burgy

Le développement des collections numériques interroge en profondeur le rôle et les pratiques professionnelles en bibliothèques. Dans cet article, nous abordons la question de ces nouvelles collections à la fois du point de vue des professionnels et des usagers. Nous proposerons une analyse portant sur les questions de choix et de sélection, d’organisation et de classification et enfin de services rendus aux usagers.

Cette analyse d’appuiera sur trois caractéristiques des collections numériques que sont leur instabilité, leur offre quasi infinie et leur hétérogénéité. Ces trois dimensions obligent les bibliothécaires à reconsidérer leur fonction et leur rôle dans la construction intellectuelle et organisationnelle des collections. Nous aborderons enfin la réception de ces collections numériques du point de vue des usagers.

En effet, les usagers sont aujourd’hui largement confrontés à des offres proches dans leur structure de celles des bibliothèques. Le modèle de l’abonnement conduit à des mécanismes de paiement forfaitaire pour l’accès, et non la possession, à un vaste ensemble de ressources numériques, sans cesse en évolution.

Le développement très rapide de ce type de modèle pour l’ensemble des industries culturelles amène chez les individus, et donc les usagers des bibliothèques, au développement d’une forme de littératie numérique d’appréhension et d’exploitation de ces collections.

Cela passe par des interfaces innovantes d’exploration et de médiation dans lesquelles nous retrouvons certains mécanismes récurrents : les étagères infinies et la recommandation algorithmique.

Nous conclurons cet article par la présentation rapide de projets en cours sur ces problématiques et la nécessité de déployer une réflexion en profondeur sur la place des bibliothèques dans ce nouvel écosystème.

URL : https://www.erudit.org/en/journals/documentation/1900-v1-n1-documentation04880/1064745ar/abstract/

Visibilité et évaluation des revues scientifiques

Auteur/Author : Françoise Gouzi

Cet article a pour ambition de proposer une approche multicritère et explicitement qualitative pour l’évaluation de la qualité scientifique des revues. Le système d’évaluation des articles scientifiques repose depuis des décennies sur la contribution scientifique et sur le support de publication , donc sur la revue dans laquelle ils sont publiés.

Si la citation (notamment en sciences des techniques et médicales) constitue également un indicateur bibliométrique central de l’évaluation a posteriori des articles scientifiques, aujourd’hui, le lecteur, qu’il fasse partie de la communauté des pairs ou qu’il soit un simple citoyen, prend de plus en plus part à l’évaluation des textes scientifiques par l’intermédiaire de nouvelles fonctionnalités techniques de commentaires associées à certaines plateformes de publication ou de diffusion.

URL : https://hal-univ-tlse2.archives-ouvertes.fr/hal-03007946