Notebooks et science ouverte : FAIR mieux

Authors: Mariannig Le Béchec, Célya Gruson-Daniel, Clémence Lascombes, Émilien Schultz

Les notebooks sont aujourd’hui largement adoptés dans les pratiques numériques de recherche. Malgré leur omniprésence croissante, leurs caractéristiques, les rôles et usages associés aux notebooks ont pour le moment donné lieu à peu d’investigations dans une perspective d’études des sciences et des techniques (STS).

Dans cet article, nous proposons une synthèse de travaux empiriques menés sur les notebooks afin d’identifier les principaux résultats existants, que cela concerne la classification de types de notebooks, les pratiques installées, les limites et améliorations proposées.

Dans la continuité de cette synthèse qui souligne surtout l’existence de travaux dans le domaine de la science des données (data science) et non pas des pratiques de recherche en contextes académiques, nous discutons le rôle des notebooks comme vecteur et levier des principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable) associés à la science ouverte.

HAL : https://hal.science/hal-04485968

Numérique et régime français des savoirs en~action : l’open en sciences. Le cas de la consultation République numérique (2015)

Auteur/Author : Célya Gruson-Daniel

Cette recherche prend la forme d’une enquête au sein des milieux de production des savoirs français contemporains et vise à comprendre les différentes significations du terme open en sciences. J’ai considéré le qualificatif open comme une formule.

L’analyse de ses traductions en français (ouvert, libre, gratuit), tout autant que des noms qui lui sont associés (science, data, access), constitue le fil directeur de mon étude. Cette enquête, qui a débuté en 2013, s’est surtout centrée sur un évènement particulier, la consultation sur le projet de loi pour une République numérique (septembre octobre 2015), en particulier l’article 9 sur « le libre accès aux publications scientifiques de la recherche publique ».

Cette consultation en ligne a donné une envergure nationale et publique aux problématiques d’accès aux savoirs. En tant qu’épreuve de réalité « équipée » d’un dispositif numérique participatif, elle a été l’occasion d’observer presque « en direct » la défense de différentes conceptions de « ce que devrait être » le régime contemporain des savoirs en France.

M’inscrivant dans une démarche par théorisation ancrée, j’ai constitué progressivement, à propos de ce moment particulier de cristallisation des débats sur l’open en sciences, un corpus de documents reflétant le déploiement des échanges sur des espaces/dispositifs numériques distincts : site web de la consultation, blogs scientifiques, revues académiques, médias « grand public », rapports.

Les mouvements itératifs de cette enquête, alliant méthodes numériques (réalisation d’une cartographie de similarité des votes) et analyse qualitative du corpus, tout autant que les concepts théoriques mobilisés à la croisée entre sciences de l’information et de la communication et sociologie pragmatique de la critique, ont donné lieu à une modélisation.

Cette dernière expose les perspectives argumentatives et les stratégies dans l’épreuve mises en oeuvre par diverses parties prenantes pour faire valoir leurs conceptions. Elle montre qu’elles sont sous-tendues par des logiques que j’ai rattachées à des esprits successifs du régime français des savoirs.

Par la suite, en passant de la modélisation à une théorisation transposable à d’autres terrains de recherche, je montre comment, derrière les discours sur l’open, la distinction entre deux logiques (technoindustrielle ou processuelle) peut être pertinente pour analyser les reconfigurations actuelles d’autres agencements sociétaux.

Les stratégies dans l’épreuve employées lors de la consultation illustrent dans ce sens la coexistence de deux conceptions « numériques » de la démocratie (représentative étendue ou contributive), présentes dans le design même de la plateforme consultative.

Dans la dernière partie, je propose d’expliquer les dynamiques de reconfiguration d’un esprit et d’un agencement sociétal dans une interprétation énactive en considérant les couplages permanents entre cognition, actions médiées par les technologies et environnement sociotechnique.

L’expérience même du doctorat narrée tout au long de ce récit constitue aussi l’exemple d’un processus d’énaction sur mes propres conceptions de l’open. En ce sens, elle ouvre une piste de réflexion sur la nature située et incarnée de toute production de savoirs, qui n’échappe pas aux limites tout autant qu’aux potentialités de la métacognition.

URL : Numérique et régime français des savoirs en~action : l’open en sciences. Le cas de la consultation République numérique (2015)

Alternative location : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01926040

Open et régime de savoirs en recomposition : le cas de la consultation République Numérique

Auteur/Author : Célya Gruson-Daniel

Les multiples traductions françaises du terme open (ouvert, gratuit ou bien encore libre) en fonction du contexte sont révélatrices de sa richesse polysémique. Les débats sur cette notion donnent un éclairage sur les enjeux socio-politiques actuels associés aux recompositions d’un régime de savoir en contexte numérique.

Des tensions dont témoigne la vivacité des échanges qui ont eu lieu lors de la consultation pour une République Numérique (2015) autour de l’article « le libre accès aux publications scientifiques en recherche publique ». Par une approche à la croisée entre sociologie pragmatique et sciences de l’information et de la communication, cette étude entend dépasser la lecture dichotomique, parfois un peu caricaturale, du débat sur l’open access entre vision utopique du libre accès et regard pragmatique favorable à un accès ouvert raisonné.

L’enquête ethnographique numérique – menée dans une démarche de théorisation ancrée – donne à voir la richesse des perspectives et des stratégies argumentatives déployées par différentes parties prenantes, plus spécifiquement en sciences humaines et sociales, en fonction des espaces numériques investis.

Par la présentation de deux espaces clefs de ces débats – la plateforme de la consultation et un média généraliste en ligne – cette analyse montre que ces grandes distinctions « pragmatiques et utopistes » relèvent plutôt de stratégies argumentatives employées par les parties prenantes pour légitimer leur propos dans un contexte de controverse technoscientifique.

URL : https://rfsic.revues.org/3214