Auteurs/Authors : David Pontille, Didier Torny
Bien que plusieurs classements de revues aient été élaborés dès les années 1970, le caractère inédit de ceux qui ont émergé au cours des années 2000 réside dans leur statut d’instrument de politique publique. C’est le cas de l’Australie, du Brésil, de la France, de la Flandre, de la Norvège, et des Pays-Bas où cette technologie d’évaluation est en vigueur pour certains domaines – notamment en sciences humaines et sociales (SHS).
Dans cet article, nous analysons les modes d’existence de cette technologie d’évaluation spécifique. Bien que la formule générique du « classement de revues » se propage au plan international , différentes versions se développent parallèlement : leurs modalités de production, les valeurs défendues par leurs promoteurs et leurs usagers, aussi bien que leurs formes concrètes sont extrêmement variées.
Nous montrons que l’espace de variations des classements de revues en SHS est toujours bordé par deux options : favoriser une « bonne recherche » qui, sous l’effet d’avantages cumulatifs, risque de conduire à une science (hyper)normale soutenant des dispositions de conformité sociale chez les chercheurs ; encourager l’émergence des communautés minoritaires (linguistiques, disciplinaires, interdisciplinaires) et promouvoir la diversité des méthodes, théories et objets, au risque de mener à des formes de relativisme ou d’archipelisation de la recherche.
URL : https://hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr/hal-01256027