Autrice/Author : Victoria Brun
Cet article vise à expliciter la place qu’occupent les activités de valorisation dans les carrières des personnels de la recherche publique et la manière dont ils travaillent ou non à les internaliser dans le cycle de crédibilité académique (Latour & Woolgar, 1979).
À partir d’une enquête conduite dans des projets de valorisation liés au CNRS, l’analyse montre que les activités de valorisation sont pensées conjointement avec les activités académiques. Si les chercheur·se·s échouent le plus souvent à les convertir en reconnaissance sans détour par la publication, il·elle·s peuvent réinjecter cet investissement sous forme de financement et d’équipement pour d’autres travaux.
D’autres décident de les externaliser, faisant de la valorisation un à-côté de la carrière. Les doctorant·e·s et les ingénieur·e·s, qui participent pourtant à alimenter le cycle de crédibilité des chercheur·se·s, investissent des voies professionnelles parallèles. Enfin, l’engagement dans des projets de valorisation expose à des risques de décrédibilisation que les chercheur·se·s dénouent en défendant une conception du désintéressement scientifique compatible avec la perspective applicative.
La transformation de l’économie de la crédibilité se fait donc à la marge, malgré les multiples dispositifs incitatifs des institutions de recherche.