Auteur/Author : Cheikh Ndiaye
Cette thèse se penche sur les enjeux de la communication et de l’évaluation dans le domaine de la recherche en Sciences de l’Information et de la Communication. Partant du principe que la science contribue au progrès d’une société en lui permettant de répondre à ses préoccupations (santé, économie, etc.), divers pays industrialisés comme la France investissent des sommes importantes pour son essor. Ces investissements suscitant, à leur tour, des prescrits afin d’en assurer une gestion efficiente et un impact en adéquation avec les objectifs de développement. Ainsi ont été institutionnalisées l’évaluation de la recherche publique et sa valorisation.
Leur montée en puissance a eu des effets bouleversants sur le paysage scientifique, notamment la gouvernance des universités, leurs missions et rapports au monde économique ou encore la production des connaissances. Au cœur de ses changements, l’évaluation impacte les orientations politiques autour de la recherche, en particulier le choix des priorités thématiques et la distribution des financements. Elle induit un besoin de valorisation individuelle qui semble obliger les chercheurs à intégrer davantage dans leurs activités la quête construite d’autorité, donc de reconnaissance scientifique.Ayant toujours été un régulateur de la compétition entre savants et un vecteur de diffusion de leurs connaissances produites, la communication scientifique est-elle devenue un outil de stratégie ?
Le but de cette recherche est de répondre à cette interrogation. En se fondant sur un modèle psychosociologique, la théorie du comportement planifié, il s’agit d’examiner la construction de ce changement comportemental éventuel, à partir de la motivation, de l’attitude, des perceptions des normes sociales et de la capacité à conduire le changement et l’intention comportementale. Il s’agit également de voir les liens existant entre ces variables et l’intention de s’adapter à l’évaluation, voire le comportement final adopté.
La première partie de l’étude pose les bases conceptuelles de la thèse en examinant les relations entre les Sciences Humaines et Sociales, l’espace scientifique, l’économie et les politiques publiques. Elle explore la dualité entre les SHS et les sciences exactes, ainsi que l’impact du numérique sur la recherche.
La deuxième partie se concentre sur le chercheur en tant que communicateur et objet d’évaluation. Elle aborde les différents moyens de communication scientifique, y compris les publications, les médias sociaux, et les médias alternatifs, ainsi que les enjeux sociaux de la communication dans le domaine académique.
La troisième et dernière partie examine le chercheur en tant qu’acteur central de la recherche. D’une part, elle se penche sur les aspects de l’évaluation de la recherche, notamment la bibliométrie et les classements universitaires. De l’autre, elle expose les théories du comportement humain, le modèle théorique et la méthodologie de la recherche. Ce qui permet de présenter les résultats de l’enquête par un questionnaire auprès des chercheurs.
En conclusion, l’étude met en évidence une perception contraignante de l’évaluation scientifique au-delà d’une incitation à publier. Elle apparaît, en effet, comme une obligation professionnelle dont l’inexécution peut avoir des effets néfastes sur la carrière.
Son attitude est plutôt favorable au changement, et les normes sociales perçues l’y poussent alors qu’il a confiance en ses capacités à intégrer les prescriptions dans sa stratégie de communication. De ce fait, le chercheur en SHS à l’intention de s’adapter en construisant une communication adaptative, en sélectionnant les prescrits lui convenant.
Au final, son comportement adopté consiste à élaborer une stratégie au cas par cas, basée sur la publication évaluée par les pairs afin d’obtenir divers bénéfices : visibilité et reconnaissance scientifiques, intégration sociale, accès aux médias et autorités politiques, responsabilités administratives ou scientifiques.