Auteur.ices/Authors : Alix Levain, Florence Revelin, Anne-Gaëlle Beurier, Marianne Noël
Les politiques d’ouverture des données de la recherche s’appuient sur des arguments de transparence, d’innovation et de démocratisation des savoirs. Cet article vise à rendre intelligibles leurs implications pour les communautés travaillant à partir de données ethnographiques, confrontées à une transformation des critères de reconnaissance de la crédibilité des savoirs qu’elles produisent.
Alors que les chercheur·e·s qui pratiquent l’ethnographie sont engagé·e·s dans des formes situées de partage des matériaux avec les pair·e·s, les autres disciplines et les « communautés sources », le renforcement du contrôle externe sur les conditions dans lesquelles ce partage s’effectue déstabilise les économies de la crédibilité qui structurent ces pratiques.
Davantage qu’une réticence au processus d’ouverture, le retrait des ethnographes du mouvement apparaît au terme de notre analyse comme résultant à la fois de l’existence d’écologies alternatives des matériaux empiriques et d’une éthique des marges incorporée dans des normes professionnelles souvent implicites.