Auteurs/Authors : Ghislaine Chartron,
Cette communication veut contribuer à une analyse critique du big data et de l’open data en convoquant le concept d’asymétrie pour une lecture géopolitique des données massives, dans la filiation de certains travaux antérieurs sur la géopolitique du Cyberespace.
La géopolitique des données (nous adoptons ici une définition extensive de la notion de « données ») est mise en perspective entre les enjeux de l’économie numérique et de l’apparente gratuité et les enjeux de la sécurité, des droits fondamentaux difficilement convergents.
La grille de lecture s’appuie sur l’analyse de plusieurs asymétries installant des déséquilibres mondiaux : l’asymétrie technologique conférant à quelques acteurs un pouvoir central en terme de capacité de stockage, de calculateurs et de savoir-faire pour le traitement informatique des données à l’échelle mondiale ; l’asymétrie de la collecte des données et notamment le pouvoir des plateformes d’intermédiation notamment les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les data brokers spécialisés dans chaque secteur ; l’asymétrie de cadres législatifs qui confère à certaines zones géographiques des avantages de développement économique au détriment de protections plus attentives à la vie privée et enfin une asymétrie entre les acteurs produisant des contenus et les nouveaux acteurs du numérique revendiquant une ouverture sans barrière de ces contenus à leurs algorithmes dans une vision d’innovations de services.