Auteurs/Authors : Étienne Ollion, Julien Boelaert
Dans le débat public comme dans le monde académique, l’enthousiasme pour les big data n’a eu d’égal que les critiques que ce phénomène a suscité. « Opportunité empirique inouïe » vs « données pauvres » ; « révolution méthodologique » vs « fascination pour le nombre » ; « révolution scientifique » vs « dégradation du savoir produit » : les positions sont tranchées.
À partir d’une lecture de ces débats et des travaux en sciences sociales souvent regroupés sous ce label, l’article soutient que cette situation polarisée a de fortes chances de perdurer tant que la discussion s’organise autour du concept mal défini de big data. Il propose de distinguer différents types de données souvent regroupées sous ce terme.
Il montre ce faisant que les big data souvent évoquées ne sont qu’un aspect limité d’une transformation bien plus importante : la disponibilité croissante et massive de données numériques, qui pose des questions nouvelles à nos disciplines.
Quatre aspects sont plus particulièrement explorés : les réorganisations disciplinaires, les transformations des méthodes quantitatives, l’accès et la gestion des données, les objets des sciences sociales et leur rapport à la théorie.