Auteur.ices/Authors : Fabrizio Li Vigni, Séverine Louvel, Benjamin Raimbault
La crédibilité des scientifiques fait l’objet de débats, qui portent sur les risques de décrédibilisation qui découleraient d’une perte d’autonomie des chercheur·e·s vis-à-vis d’intérêts économiques, de logiques militantes ou d’agendas politiques.
Ces situations de mise à l’épreuve de la crédibilité scientifique vis-à-vis de la société et de la communauté de pair·e·s soulèvent une question plus générale : comment les chercheur·e·s engagé·e·s dans des collectifs positionnés dans plusieurs mondes sociaux construisent-ils·elles leur crédibilité auprès de leurs collègues ?
Leurs activités renforcent-elles, ou affaiblissent-elles, les vecteurs classiques de la crédibilité scientifique ? De manière concomitante, observe-t-on l’émergence de nouveaux vecteurs de crédibilité ?
Les articles de ce dossier thématique interrogent les reconfigurations contemporaines de la crédibilité à partir de quatre axes de transformation des sciences, à savoir : l’ouverture et la bancarisation des données ; les relations sciences–industries ; l’interdisciplinarité ; et les engagements publics des chercheur·e·s.
Dans cet article introductif, nous revenons sur l’histoire de la notion de crédibilité scientifique dans les Science & Technology Studies – telle qu’elle a été proposée par Bruno Latour et Steve Woolgar, puis Steven Shapin et Thomas Gieryn – et sur la manière dont elle a été investie depuis ; puis nous présentons les cinq articles du dossier et en tirons les apports transversaux.
Nous soulignons que, bien davantage que l’avènement de nouveaux vecteurs de la crédibilité scientifique, ces articles donnent à voir des transformations à la marge, situées et contradictoires.