Les mécanismes de centralisation des données de la recherche. Étendre l’accès libre à l’hébergement libre

Auteur/Author : Chloé Girard

Derrière leur accès ouvert, qu’en est-il de l’hébergement des données de la recherche ? L’accès libre peut être exclusif et l’hébergement complètement centralisé. Qu’en est-il alors d’une science « ouverte » dont les chercheurs useraient des données, comme des données d’usage, à leur gré ?

L’exclusivité et la centralisation ne sont pas compatibles avec la diversité des modes d’exploitation des contenus et par conséquent avec l’innovation. Nous verrons ici les mécanismes, sociaux, économiques et techniques qui, à tous les niveaux de la chaîne de publication, induisent pourtant cette centralisation jusque dans les sphères les plus enclines au libre.

Nous proposerons des solutions pour penser et mettre en œuvre cet impensé de l’hébergement et de l’exploitation distribués et ouverts pour une science ouverte.

URL : https://rfsic.revues.org/3255

Qui dépose quoi sur Hal-SHS ? Pratiques de dépôts en libre accès en sciences humaines et sociales

Auteurs/Authors : Annaïg Mahé, Camille Prime-Claverie

Hal-SHS est la partie de la plateforme française HAL pour les sciences humaines et sociales où la production scientifique des chercheurs peut être rendue visible par le dépôt de notices de documents, et éventuellement librement accessible par le dépôt de fichiers associés.

Afin de comprendre qui dépose quoi, nous avons moissonné un corpus de 336 160 enregistrements à partir de l’entrepôt OAI de Hal-SHS correspondant aux notices déposées sur la plateforme depuis ses débuts, en 2002, jusqu’à 2016 inclus.

Les analyses statistiques effectuées sur ces données nous ont permis d’observer une forte implication des chercheurs dans l’auto-archivage et des différences disciplinaires qui se traduisent par des logiques de dépôts contrastées (communication scientifique directe, archivage, recensement et référencement).

Au final, l’étude fait apparaître que la plateforme est davantage utilisée en tant qu’outil de mise en visibilité de la production scientifique, avec le texte intégral comme une simple option, différemment appréciée selon les disciplines.

URL : https://rfsic.revues.org/3315

La construction de la valeur économique d’une revue en chimie. Le cas du Journal of the American Chemical Society (1879-2010)

Auteur : Marianne Noel

Dans le domaine de la chimie, la facturation de l’article à l’auteur est devenue depuis quelques années la modalité principale d’open access. Le montant des frais (appelés Article Processing Charges ou APC) varie de quelques centaines à quelques milliers d’euros par article selon la revue.

Cet article propose un récit historique (1879-2010) qui suit un mécanisme méconnu antérieur à celui du paiement à l’article : la tarification à la page. Il prend pour étude de cas le Journal of the American Chemical Society-JACS, un périodique créé en 1879 par l’American Chemical Society, la plus importante société savante en chimie.

Nous proposons une chronologie en cinq périodes qui reposent sur différentes modalités de coordination marchande. Cette enquête, réalisée dans le contexte états-unien, souligne le rôle essentiel de l’État et permet d’interroger la fonction changeante de la revue dans la longue durée.

URL : https://rfsic.revues.org/3281

 

Mesurer les dépenses d’APC : méthodologie et étude de cas. Approche comparée Aix Marseille Université – Université de Lorraine

Auteurs/Authors : Marlène Delhaye, Jean-François Lutz

Souvent abusivement désigné comme le modèle « auteur-payeur », l’open access gold est généralement financé en amont par les institutions d’enseignement supérieur et de recherche qui éditent et diffusent les revues.

De fait, le DOAJ (Directory of Open Access Journals) recense 67 % de revues en open access – dont la RFSIC – ne demandant aucun frais de publication aux auteurs. Le tiers de revues restant s’appuyant sur le paiement par les auteurs – ou leur institution de rattachement le plus souvent – de frais de traitement (Article Processing Charges, APC) pour assurer la diffusion ouverte des articles que celles-ci ont accepté de publier.

À ces revues s’ajoutent les revues traditionnellement disponibles sur abonnement qui proposent une option de diffusion en open access à l’article : il s’agit du modèle de l’open access « hybride ».

Le suivi de l’évolution des coûts engendrés par l’open access gold aussi bien que par l’open access hybride suscite un intérêt depuis la fin des années 2000. Il devient crucial dans certains pays (Royaume-Uni) à compter de 2012 et est désormais un enjeu reconnu à l’échelon européen. Après avoir présenté l’état de la réflexion européenne dans le domaine du suivi des dépenses d’APC, l’étude s’attache à présenter trois méthodes de suivi qui peuvent être mises en place au sein d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche : utilisation d’une base de données bibliographique ; sollicitation des éditeurs et recours au logiciel comptable. Ces méthodes ont été appliquées à deux universités (Aix-Marseille Université et l’Université de Lorraine) sur des données allant de deux à trois années (2013-2015).

L’article présente de premiers résultats qui permettent d’identifier et de discuter des forces et des faiblesses de chacune des approches méthodologiques évoquées.

URL : https://rfsic.revues.org/3238

Open et régime de savoirs en recomposition : le cas de la consultation République Numérique

Auteur/Author : Célya Gruson-Daniel

Les multiples traductions françaises du terme open (ouvert, gratuit ou bien encore libre) en fonction du contexte sont révélatrices de sa richesse polysémique. Les débats sur cette notion donnent un éclairage sur les enjeux socio-politiques actuels associés aux recompositions d’un régime de savoir en contexte numérique.

Des tensions dont témoigne la vivacité des échanges qui ont eu lieu lors de la consultation pour une République Numérique (2015) autour de l’article « le libre accès aux publications scientifiques en recherche publique ». Par une approche à la croisée entre sociologie pragmatique et sciences de l’information et de la communication, cette étude entend dépasser la lecture dichotomique, parfois un peu caricaturale, du débat sur l’open access entre vision utopique du libre accès et regard pragmatique favorable à un accès ouvert raisonné.

L’enquête ethnographique numérique – menée dans une démarche de théorisation ancrée – donne à voir la richesse des perspectives et des stratégies argumentatives déployées par différentes parties prenantes, plus spécifiquement en sciences humaines et sociales, en fonction des espaces numériques investis.

Par la présentation de deux espaces clefs de ces débats – la plateforme de la consultation et un média généraliste en ligne – cette analyse montre que ces grandes distinctions « pragmatiques et utopistes » relèvent plutôt de stratégies argumentatives employées par les parties prenantes pour légitimer leur propos dans un contexte de controverse technoscientifique.

URL : https://rfsic.revues.org/3214

A genealogy of open access: negotiations between openness and access to research

Author : Samuel A. Moore

Open access (OA) is a contested term with a complicated history and a variety of understandings. This rich history is routinely ignored by institutional, funder and governmental policies that instead enclose the concept and promote narrow approaches to OA.

This article presents a genealogy of the term open access, focusing on the separate histories that emphasise openness and reusability on the one hand, as borrowed from the open-source software and free culture movements, and accessibility on the other hand, as represented by proponents of institutional and subject repositories.

This genealogy is further complicated by the publishing cultures that have evolved within individual communities of practice: publishing means different things to different communities and individual approaches to OA are representative of this fact.

From analysing its historical underpinnings and subsequent development, I argue that OA is best conceived as a boundary object, a term coined by Star and Griesemer (1989) to describe concepts with a shared, flexible definition between communities of practice but a more community-specific definition within them.

Boundary objects permit working relationships between communities while allowing local use and development of the concept. This means that OA is less suitable as a policy object, because boundary objects lose their use-value when ‘enclosed’ at a general level, but should instead be treated as a community-led, grassroots endeavour.

URL : https://rfsic.revues.org/3220

 

 

The rise of the middle author: Investigating collaboration and division of labor in biomedical research using partial alphabetical authorship

Authors : Philippe Mongeon, Elise Smith, Bruno Joyal, Vincent Larivière

Contemporary biomedical research is performed by increasingly large teams. Consequently, an increasingly large number of individuals are being listed as authors in the bylines, which complicates the proper attribution of credit and responsibility to individual authors.

Typically, more importance is given to the first and last authors, while it is assumed that the others (the middle authors) have made smaller contributions. However, this may not properly reflect the actual division of labor because some authors other than the first and last may have made major contributions.

In practice, research teams may differentiate the main contributors from the rest by using partial alphabetical authorship (i.e., by listing middle authors alphabetically, while maintaining a contribution-based order for more substantial contributions). In this paper, we use partial alphabetical authorship to divide the authors of all biomedical articles in the Web of Science published over the 1980–2015 period in three groups: primary authors, middle authors, and supervisory authors.

We operationalize the concept of middle author as those who are listed in alphabetical order in the middle of an authors’ list. Primary and supervisory authors are those listed before and after the alphabetical sequence, respectively.

We show that alphabetical ordering of middle authors is frequent in biomedical research, and that the prevalence of this practice is positively correlated with the number of authors in the bylines. We also find that, for articles with 7 or more authors, the average proportion of primary, middle and supervisory authors is independent of the team size, more than half of the authors being middle authors.

This suggests that growth in authors lists are not due to an increase in secondary contributions (or middle authors) but, rather, in equivalent increases of all types of roles and contributions (including many primary authors and many supervisory authors).

Nevertheless, we show that the relative contribution of alphabetically ordered middle authors to the overall production of knowledge in the biomedical field has greatly increased over the last 35 years.

URL : The rise of the middle author: Investigating collaboration and division of labor in biomedical research using partial alphabetical authorship

DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0184601