Les revues en sciences humaines et sociales à l’heure des communs

Les échanges récents autour de la loi numérique, comme les discussions ayant fait suite à la mise en place de politiques d’open access par le Conseil européen de la recherche ont largement contribué à publiciser, en France, des débats se déroulant à l’échelle internationale sur les transformations de l’économie politique des publications scientifiques.

Sans discuter ici la vaste littérature produite par des chercheurs en sciences documentaires, mais aussi par différentes parties prenantes (militants de l’accès ouvert, éditeurs, sociétés savantes, financeurs, instances politiques), nous rappelons les caractéristiques de l’édition scientifique en SHS en France, puis nous décrivons les formes contemporaines d’appropriation des publications scientifiques par les éditeurs et diffuseurs. Enfin, nous exposons différentes politiques publiques et les fondements de la politique de l’InSHS en la matière.

URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01278853

L’édition scientifique institutionnelle en France : État des lieux, matière à réflexions, recommandations

Le présent volume constitue les résultats de l’enquête diligentée par la Direction générale pour la recherche et l’innovation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et confiée à l’Association des éditeurs de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (AEDRES).

L’objectif de la mission confiée à notre association était essentiellement de dresser un état des lieux des activités éditoriales des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, d’apporter des informations sur les relations entre édition publique et édition privée et de formuler des propositions pour améliorer ces relations et dynamiser les politiques de valorisation de la recherche.

Le contenu de ce document est important à plusieurs titres.

Tout d’abord parce que les outils statistiques ou d’analyse manquent pour mener une réflexion approfondie sur l’édition scientifique institutionnelle, et certains se prennent, à loisir, à rappeler sa diversité, son opacité, allant parfois jusqu’à douter de son efficacité, voire à remettre en cause sa légitimité.

Cette publication intervient à un moment où les structures françaises de l’enseignement supérieur et de la recherche connaissent de profondes mutations avec d’inévitables conséquences sur leurs structures éditoriales. La mise en place des COmUE devrait ainsi conduire les établissements à repenser la mission de diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique par l’édition et la commercialisation d’ouvrages et de périodiques telle qu’elle leur a été confiée par la loi du 26 janvier 1984 (loi Savary).

La question aujourd’hui n’est pas tant celle de la frontière mouvante entre le secteur marchand et le secteur non marchand : les difficultés budgétaires et certaines politiques d’établissement conduisent les presses d’université à chercher plus que jamais à capter le « grand public cultivé » – susceptible de lui apporter quelques assurances sur le plan économique – tandis que l’édition privée opte de plus en plus pour des participations, financière ou matérielle, des chercheurs ou de leurs centres de recherche. De nouveaux modèles sont sans doute à développer ou à inventer.

Par ailleurs, l’édition scientifique est elle-même à un tournant de son histoire avec l’émergence de nouveaux modèles de diffusion qui vont contraindre les professionnels – publics ou privés – à modifier leurs structures et leurs modes de fonctionnement.

Mais que l’on ne s’y trompe pas, quel que soit le support choisi, édition papier ou édition numérique, que l’on penche pour l’« Open Access » ou l’édition payante, le travail d’expertise et de sélection réalisé par les éditeurs de l’enseignement supérieur est absolument nécessaire. Que l’on choisisse une diffusion « élargie » par l’intermédiaire de la filière de la librairie ou que l’on se limite à un public de chercheurs par le biais des bibliothèques et centres de documentation, les garanties offertes par le filtre des éditions universitaires sont indispensables pour assurer la qualité scientifique des publications et le respect de la propriété intellectuelle des auteurs et on peut l’espérer – pour se prémunir contre le plagiat.

Le constat effectué dans cette étude montre combien les presses universitaires sont d’ores et déjà conscientes des enjeux. Elles ont développé des outils, certes perfectibles, qui prennent en compte les nouvelles données : réseaux de diffusion transdisciplinaires, portail de diffusion, modèles économiques et comptables rationalisés, normes d’évaluation scientifique des tapuscrits…

Le bilan dressé comme les recommandations proposées dans les pages qui suivent nous paraissent essentiels pour nourrir une réflexion qui doit être menée conjointement par tous les acteurs de la chaîne du livre – organisations professionnelles des éditeurs publics ou privés, libraires, bibliothécaires, diffuseurs, distributeurs… – mais aussi tous les intervenants de la recherche scientifique : chercheurs, étudiants, directeurs d’établissement et leur personnel, instances de tutelle et d’évaluation…

URL : http://www.allianceathena.fr/sites/default/files/Rapport_AEDRES_EdScientifique_JMHenny.pdf

Qu’est-ce que la Text Encoding Initiative ?

Les Guidelines de la Text Encoding Initiative (TEI) sont depuis longtemps considérées comme le standard de fait pour la préparation de ressources textuelles numériques dans la communauté académique. Elles offrent au débutant un éventail de possibilités qui peut paraître intimidant, mais qui reflète l’impressionnante étendue des applications possibles pour l’encodage de texte, depuis les éditions critiques traditionnelles jusqu’aux corpus linguistiques, aux lexiques historiques, aux archives numériques et au-delà.

Utilisant de nombreux exemples de textes encodés en TEI issus de domaines variés, ce livre simple et direct est destiné à aider le débutant à faire ses propres choix parmi les multiples options offertes par la TEI. Il explique la technologie XML utilisée par la TEI d’une manière accessible au lecteur dépourvu de formation technique, et offre une visite guidée des dédales de l’univers de la TEI, et de la façon dont elle peut être personnalisée pour répondre aux besoins d’un projet particulier.

URL : http://books.openedition.org/oep/1237

Entre science légitime et science amateur : le devenir trivial d’une information scientifique sur Internet

À partir de l’exemple d’un article scientifique publié dans la revue américaine en ligne PLoS ONE, on montre que la circulation d’une information scientifique sur le Net peut rapidement et massivement déborder des cadres habituels de la diffusion de la culture scientifique (médias, passeurs individuels et collectifs labellisés…). Cette recherche interroge ce que le « devenir trivial » d’une information scientifique dit des relations connaissances scientifiques/vulgarisation, science légitime/science amateur et plus généralement sciences/société.

Car si la circulation d’un « être culturel » hors de son champ de pertinence trouve un terreau fécond au sein même de la sphère scientifique, ses frontières avec les sphères profanes sont également autant des coupures que des coutures.

URL : https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.fr/2015/supplement-a/12-entre-science-legitime-et-science-amateur-le-devenir-trivial-dune-information-scientifique-sur-internet

Les imaginaires de la « science 2.0 » : De l’idéal de la science ouverte au « marketing de soi »

Le présent article porte sur les imaginaires entourant la « science 2.0 » appréhendée en tant qu’ensemble de discours et de pratiques cristallisant un certain nombre d’évolutions de l’activité scientifique dans le contexte du Web contemporain. L’auteure présente les premiers constats d’une recherche exploratoire visant à mettre en question les fondements des imaginaires portés par les discours autour de dispositifs de réseaux sociaux pour chercheurs et à analyser leur articulation avec la formation de nouveaux usages.

Différents enjeux soulevés par ces questions relatives aux changements associés au numérique dans le monde scientifique sont discutés.

URL : http://communication.revues.org/6070

Wikipédia, une encyclopédie collaborative en quête de crédibilité : le référencement en questions

L’encyclopédie Wikipédia se caractérise par un mode d’élaboration ouvert et collaboratif. La singularité de son modèle éditorial amène à s’interroger sur la crédibilité que lui attribuent ses lecteurs ainsi que sur l’activité normative de la communauté wikipédienne pour la garantir. Une hypothèse serait ainsi que le référencement est un moyen de renforcer la crédibilité des informations encyclopédiques, ce qui pose la question de l’identification de la fonction de ce procédé rhétorique par le lecteur.

Pour appréhender les questions relatives à la valeur épistémique de l’information, un modèle de communication documentaire articulant autorité cognitive, confiance, crédibilité et référencement est proposé. Une enquête par questionnaire auprès de jeunes scolarisés (11-25 ans) montre que la confiance envers Wikipédia varie selon le niveau de scolarité.

Elle est influencée par la réputation académique, majoritairement négative, de l’encyclopédie. Par la suite, les effets d’un projet pédagogique dans lequel des lycéens deviennent des contributeurs à l’encyclopédie sont analysés. Une évolution positive de la confiance envers l’encyclopédie est relevée tant chez les professeurs que chez les élèves, ceux-ci prenant conscience de l’importance des règles communautaires et du référencement.

Enfin, les évolutions des règles relatives au référencement au sein de la Wikipédia en langue française et les débats que ces règles ont suscités entre 2002 et 2013 sont étudiés. L’approche anthropologique et historique adoptée met en évidence le rôle central attribué au référencement pour faire face aux problèmes de confiance épistémique rencontrés par la communauté wikipédienne. Elles révèlent également les tensions inhérentes à ce projet éditorial.

URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01257207

Les revues littéraires en ligne : entre éditorialisation et réseaux d’intelligences

Cet article propose un état des lieux sur les revues littéraires numériques. Cette tâche pourrait sembler facile si l’on considère que ces expériences existent depuis très peu de temps. Les premières revues en ligne apparaissent, en effet, au début des années 1990.

Pourtant, la question est beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait penser, et cela, pour une série de raisons qui seront analysées dans cet article. Il n’est tout d’abord pas évident de s’entendre sur ce que l’on définit par l’expression « revue littéraire numérique ».

D’une part car on fait référence, avec le mot « numérique », à une série d’expériences et de pratiques hétérogènes et différentes qui peuvent difficilement être regroupées ensemble. D’autre part parce que ce qu’on appelle désormais la « révolution numérique » a déterminé des changements importants quant au sens des contenus, de leur production, de leur validation et de leur distribution et a par conséquent fortement affecté la signification du mot « revue » lui-même.

Il faudra ainsi prendre séparément en considération une série de phénomènes différents et essayer de rendre compte de pratiques hétérogènes qui se chevauchent et empiètent l’une sur l’autre. L’article proposera d’abord une analyse des enjeux de la numérisation des revues, à savoir le processus de transposition des revues papier au format électronique.

Il s’attaquera ensuite aux expériences des revues numériques dès leur création pour comprendre s’il y a une différence, et laquelle, entre les premières et les secondes.

Pour finir, on tentera de comprendre en quoi le numérique en tant que phénomène culturel — et en particulier les changements de diffusion et de circulation des contenus ainsi que les différentes formes de ce que l’on appelle désormais « éditorialisation » — a transformé l’idée même de revue et donné lieu à des pratiques et à des expériences complexes et hybrides dont la place dans le panorama culturel est difficile à saisir.

URL : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/11379/revues-litteraires-en-ligne-vitali-rosati.pdf