Auteurs/Authors : Chérifa Boukacem-Zeghmouri, Sami Mabrak
Économie et bibliothèques », « Économie des bibliothèques », « Économie en bibliothèques » sont autant d’expressions utilisées pour qualifier les travaux qui posent à la bibliothèque la question de sa valeur économique.
La réponse à cette question a varié et varie encore selon les contextes et les époques. Le web a projeté les bibliothèques dans un univers où elles doivent composer avec de nouvelles régulations.
Notre propos s’attachera à aborder cette question sous l’angle des bibliothèques académiques qui, plus que toutes autres, rencontrent le défi d’un univers de plus en plus ouvert, soumis aux régulations de l’économie numérique.
Les bibliothèques, dans la pluralité de leur typologie, ont accompagné et participé à la transition de nos sociétés vers le numérique.
Par l’intégration des contenus numériques dans leurs collections, par la formation des usagers, par la transformation de leurs bâtiments et de leurs espaces de travail et d’enseignement, par leur engagement dans le mouvement du libre accès, et plus récemment par leur implication dans les données de la recherche, elles ont été d’infatigables chevilles ouvrières de cette transition.
Ce faisant, elles ont participé à des initiatives, des expérimentations et/ou des projets de recherche qui ont contribué à faire évoluer leurs équipes et leurs missions.
Il serait d’ailleurs intéressant qu’un travail de recherche et d’analyse puisse un jour se pencher sur cette période extraordinaire qui a vu des organisations séculaires se transformer et se réinventer de manière si significative en si peu de temps.
Pour les bibliothèques académiques, qui sont au centre de notre propos, les transformations qu’elles ont connues (et qu’elles connaissent encore) sont intimement liées à celles de la communication scientifique sur le web et de l’édition scientifique.
Leur défi aujourd’hui consiste à continuer à exister dans un univers numérique, de plus en plus ouvert, où le nombre et la nature des intermédiaires n’ont jamais été aussi diversifiés.
Plus fondamentalement, la question de leur valeur et de leur poids économique, qui leur a été posée dès les années 1970 par leurs tutelles, se réactive aujourd’hui dans une économie numérique de l’accès.
Aux côtés des tutelles, les usagers, par leurs pratiques culturelles et sociales, posent indirectement la question de la valeur économique de la bibliothèque.