De la revue au collectif : la conversation comme dispositif d’éditorialisation des communautés savantes en lettres et sciences humaines

Auteur/Author : Nicolas Sauret

Si l’on s’accorde à dire que les outils numériques ont modifié en profondeur nos pratiques d’écriture et de lecture, l’influence que ces nouvelles pratiques exercent sur les contenus d’une part, et sur la structuration de notre pensée d’autre part, reste encore à déterminer.

C’est dans ce champ d’investigation que s’inscrit cette thèse, qui questionne la production des connaissances à l’époque numérique : le savoir scientifique aurait-il changé en même temps que ses modalités de production et de diffusion ?

Je traiterai ce sujet à travers le prisme de la revue savante en lettres et sciences humaines, dont le modèle épistémologique, encore attaché au support papier, se voit profondément questionné par le numérique dans sa dimension technique aussi bien que culturelle.

Je fais l’hypothèse que les modalités d’écriture en environnement numérique sont une opportunité pour renouer avec les idéaux de conversation scientifique qui présidaient l’invention des revues au 17eme siècle. La thèse propose une réflexion en trois temps, articulée autour de trois conceptions de la revue : la revue comme format, comme espace et, tel que je le propose et le conceptualise, comme collectif.

La revue comme format, d’abord, émerge directement de la forme épistolaire au 17eme, favorisant alors la conversation au sein d’une communauté savante dispersée. Mais les limites conceptuelles du format nous invite à considérer la revue davantage comme un media. Pour penser alors sa remédiation, je montrerai que cette conversation trouve son incarnation contemporaine dans le concept d’éditorialisation.

La revue comme espace, ensuite, où s’incarnait jusque-là l’autorité scientifique, fait émerger de nouvelles possibilités conversationnelles, en raison des glissements de la fonction éditoriale des revues et de leurs éditeurs dans l’espace numérique. Enfin, la revue comme collectif émerge d’une écriture processuelle, en mouvement, propre à l’environnement numérique.

Un des enjeux de cette thèse réside dans la mise en évidence des dynamiques collectives d’appropriation et de légitimation. En ce sens, la finalité de la revue est peut-être moins la production de documents que l’éditorialisation d’une conversation faisant advenir le collectif.

Au plan méthodologique, cette thèse a la particularité de s’appuyer sur une recherche-action ancrée dans une série de cas d’étude et d’expérimentations éditoriales que j’ai pu mener en tant que chercheur d’une part, et éditeur-praticien d’autre part.

La présentation des résultats de cette recherche-action, ainsi que leur analyse critique, fournissent la matière des concepts travaillés dans la thèse.

URL : https://these.nicolassauret.net/index.html

Pour une théorie de l’éditorialisation

Auteur/Author : Marcello Vitali-Rosati

Le fait numérique a été pensé et interprété pendant des dizaines d’années dans diverses perspectives disciplinaires : des media studies aux sciences de l’information et de la communication, en passant par la sociologie, la psychologie, les sciences politiques, etc. Cela n’est pas surprenant dès que l’on considère – avec Milad Doueihi – que le « numérique » peut être pensé comme un phénomène culturel au sens large, touchant à l’ensemble de nos vies et remettant en cause la totalité de nos catégories conceptuelles.

L’expression « humanités numériques » peut en quelque sorte servir à signifier cette universalité du fait numérique : il est question de ce que devient l’humanité à l’époque du numérique. La même universalité est ce qu’aspire à prendre en compte une approche philosophique : au-delà de toute spécificité disciplinaire, le questionnement philosophique vise à comprendre un phénomène ou un fait dans l’ensemble de ses implications.

Cet article a l’ambition de partir du concept d’éditorialisation pour proposer une théorie philosophique du monde à l’époque du numérique. Une philosophie, donc, non pas « du numérique », car l’objet de la philosophie ne peut qu’être universel, mais plutôt une philosophie « à l’époque du numérique ».

URL : https://journals.openedition.org/revuehn/371

Un dispositif innovant d’éditorialisation en accès ouvert pour les SHS

Auteurs/Authors : Jérôme Valluy, Aurélie Veyron-Churlet, Serge Bouchardon

Ni « revue scientifique » au sens classique et toujours actuel, ni simple « bulletin d’annonces » des activités d’un laboratoire, les Cahiers Costech expérimentent un dispositif éditorial valorisant les travaux intermédiaires de la recherche (avec relectures et validations scientifiques) et la publication en accès ouvert (y compris par réédition de publications achevées mais peu accessibles), tout en favorisant un pluralisme organisationnel & intellectuel laissant aux chercheurs responsables de chaque rubrique le soin de définir leurs agendas scientifiques, les types de publications pertinents ainsi que leurs régimes de relectures et validations.

La valorisation de la « recherche en train de se faire » adopte des formats très divers de publications (communications et posters en colloques, notes de recherche, working papers, recensions, conférences et séminaires enregistrés, rapports de recherche, synthèses thématiques, compte-rendu de terrains…), en accès ouvert.

La « réédition en accès ouvert » respecte les droits des premiers éditeurs (ex. : publications de chapitres de livres avec leurs autorisations) et le droit des auteurs de réédition en accès ouvert de leurs publications 12 mois après parution en périodique (article 30 de la loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016).

Ce numéro 1 inaugure le dispositif éditorial conçu par le Costech-UTC, en assemblée générale et en conseil de laboratoire, après plusieurs mois de réflexions collectives sur les formes de communication scientifique à l’ère de l’éditorialisation numérique et de l’accès ouvert aux publications.

Pour les besoins de ce lancement, le premier numéro réunit une forte proportion de travaux issus des recherches internes au Costech-UTC mais la revue lancera des appels à contribution ouverts à tous les chercheurs travaillant sur le domaine des recherches technologiques en sciences humaines et sociales.

Ce type de recherches technologiques, portant sur des terrains socio-économiques contemporains, est présenté dans le rapport d’activité de l’unité Costech.

URL : Un dispositif innovant d’éditorialisation en accès ouvert pour les SHS

Alternative location : http://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article56