Le JCR facteur d’impact (IF) et le SCImago Journal Rank Indicator (SJR) des revues françaises : une étude comparative

Auteurs/Authors : Joachim Schöpfel, Hélène Prost

Une des fonctions principales des revues scientifiques est de contribuer à l’évaluation de la recherche et des chercheurs. Depuis plus de 50 ans, le facteur d’impact (IF) de l’Institute of Scientific Information (ISI) est devenu l’indicateur dominant de la qualité d’une revue, malgré certaines faiblesses et critiques dont notamment la sur-représentation des revues anglophones. Cela est un handicap aussi bien pour les chercheurs français que pour les éditeurs francophones ; publier en français n’est pas valorisant.

Or, il existe depuis 2007 une alternative sérieuse à l’IF : le nouveau SCImago Journal Rank Indicator (SJR) qui applique l’algorithme de Google (PageRank) aux revues de la base bibliographique SCOPUS dont la couverture est plus large que celle de l’ISI.

Le but de notre étude est de comparer ces deux indicateurs par rapport aux titres français. L’objectif est de répondre à trois questions : Quelle est la couverture pour les titres français indexés par l’ISI et par SCOPUS (nombre de revues, domaines scientifiques) ? Quelles sont les différences des deux indicateurs IF et SJR par rapport aux revues françaises (classement) ? Quel est l’intérêt du SJR pour l’évaluation, en termes de représentativité des titres français ?

Les résultats de notre analyse de 368 revues françaises avec IF et/ou SJR sont plutôt encourageants pour une utilisation du nouvel indicateur SJR, du moins en complémentarité au IF :

(1) Couverture : 166 revues sont indexées par l’ISI (45 %), 345 revues par SCOPUS (94 %), 143 revues par les deux (39 %). 82% des revues sont issus des domaines STM, 18% des domaines SHS. La couverture de SCOPUS est meilleure surtout en médecine et pharmacologie.

(2) Classement : Pour les titres avec IF et SJR, la corrélation entre les deux indicateurs est significative (0,76). En termes de classement (ranking), l’IF différencie mieux les revues que le SJR (155 vs. 89 rangs). En revanche, du fait de la couverture plus exhaustive de SCOPUS, le SJR rend visible au niveau international davantage de titres.

(3) Représentativité : L’intérêt de SCOPUS et du SJR réside dans la couverture plus représentative de l’édition française (19% vs 9% pour ISI/IF), notamment en STM (38% vs 19 %), beaucoup moins en SHS (6% vs 2 %). Sont indexés surtout les titres de quelques grands éditeurs français ou internationaux ; la plupart des éditeurs français (80 %–90 %) n’ont aucun titre dans le JCR et/ou SCOPUS, même si de nouveau SCOPUS est plus représentatif (avec 17% des éditeurs vs 10% pour le JCR).

Les problèmes méthodologiques et les perspectives pour une évaluation multidimensionnelle sont discutés. L’étude compare le IF et le SJR par rapport aux 368 titres français avec IF et/ou SJR. Les résultats : La couverture du SJR est plus large que celle de l’IF (94% vs 45%) et meilleure surtout dans les sciences médicales. Pour les titres avec IF et SJR, la corrélation entre les deux indicateurs est significative (0,76). En termes de classement (ranking), l’IF différencie mieux les revues que le SJR (155 vs 89 rangs). L’intérêt du SJR réside dans la couverture plus représentative de l’édition française (19% vs 9% avec IF), notamment en STM (38% vs 19 %), moins en SHS (6% vs 2 %).

URL : http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00567847/fr/